Un blog pour qui la critique positive et l'objectivité ne sont que de vagues concepts sans intérêt

Mon credo se résume à ceci: un minimum d’objectivité pour un maximum de mauvaise foi.
Cinéma, musique, politique, actualité... Mes enquêtes me mènent toujours à la même conclusion: pas grand chose dans notre société ne mérite d'être aimé...
Vous êtes bien sur le blog de "Julien n'aime rien" ; qui me déteste me suive!





samedi 3 septembre 2011

DÉTENTE - Les vacances radioactives de Monsieur Rolland



Monsieur Rolland,

En accord avec la loi du 30 juin 2004 relative à la solidarité pour l'autonomie des personnes âgées et handicapées - loi votée suite à la canicule de 2003 qui entraîna le décès de plusieurs milliers de personnes isolées -  tout citoyen français doit fournir un jour de travail non rémunéré chaque année. Vous l'aurez compris, initialement, cette loi ne s'applique qu'aux salariés.
Eh bien, bonne nouvelle Monsieur Rolland, ce n'est plus le cas!

Par la présente, nous avons le plaisir de vous informer que les français de votre classe sociale - chômeurs, sans-emploi, clochards... - devront dorénavant mettre la main à la poche.

Dans cette optique, le gouvernement s'octroie cette année le droit de prélever 163,35 € de votre compte en banque. S'il vous venez à l'idée de crier au scandale, prenez le temps de penser aux centaines de vieillards mourants de la chaleur insupportable... mais aussi de la solitude "snif".

Inutile de fermer préventivement votre compte en banque, la somme a été prélevée la nuit dernière.

Je vous prie d'agréer, Monsieur Rolland, l'expression de mes sentiments les plus intéressés.

Le gouvernement


Un scandale! Un foutu scandale! Les mains tremblantes de rage, je mets en boule la lettre du "gouvernement" et la jette à travers la cabine de l'imposant Boeing.
Assis à ma droite, mon père émerge d'un profond sommeil.
Papa - Mauvaise nouvelle?
Julien n'aime rien (JAR) - Une de plus... Je viens d'apprendre que mon maigre budget vient d'être amputé de près de 200 € par solidarité pour les retraités comme toi qui ne sont pas fichus d'allumer la clim' quand le thermomètre explose!
Papa - Comment ça, "comme moi"?

(Pause)

PAPA
Nom complet: Paul Albert Rolland
Surnom: Boubou
Nationalité: Française
Age: 64 ans
Métier: Employé dans l'aviation à la retraite
Aime: - Espionner les voisins
           - Le Campari
N'aime pas: - Etre espionné par les voisins
                    - L'eau minérale

(Fin de la pause)

JAR - C'est une façon de parler, papa.
Mon père tente d'enlever le bandeau qui lui cache la vue mais je l'en empêche d'un geste rapide.
JAR - Pas maintenant.
J’agrippe mon portable et compose le numéro de mon avocat.
JAR - Oui, Robert. Je souhaite porter plainte contre le gouvernement pour extorsion non-consentie, abus de faiblesse et viol bancaire.
Robert - Mais... Ça ne veut rien dire!
JAR  - Exécution! (je raccroche)
Très attentif à ma brève conversation téléphonique, Christophe, mon frère de 4 ans mon aîné, ne peut s'empêcher de ramener sa fraise.
Christophe - Il a raison, ça ne veut rien dire... D'ailleurs pour prouver un viol bancaire devant la cour, il faut avoir retrouvé des traces de sperme sur ta carte bleue.

(Pause)


CHRISTOPHE
Nom complet: Christophe Rolland
Surnom: Chewba
Nationalité: Franco-Luxembourgeoise
Age: 31 ans
Métier: Technical Project Manager chez Siemens
Aime: - Les danoises
            - Les films proche-orientaux composés de plans-séquences fixes de plus de 25 minutes
N'aime pas: - Carla Bruni depuis qu'elle a posé ses valises à l'Elysée
                      - L'énergie sale

(Fin de la pause) 


Je jette un oeil à ma montre à gousset (oui, j'essaie de relancer la mode...) et constate que nous venons de dépasser les 5 heures de vol. Après m'avoir servi un café immonde, l'hôtesse se dirige vers le fond de l'appareil et éteint les lumières de la cabine. Un film débute sur l'écran géant en face de moi. Musique pompière, montage épileptique, acteurs livrés à eux-mêmes, dialogues insipides... Oui, c'est bien Transformers 3 que nous propose aujourd'hui Air France.
Soudain agité dans le siège situé juste derrière le mien, mon second frère, Olivier, de 8 ans mon aîné, se fait à son tour remarquer.
Olivier - Musique lyrique, dialogues audiardiens... Oui! C'est bien Transformers 3!! Oh Julien, s'il te plaît, s'il te plaît, laisse-moi enlever ce foutu bandeau de mes yeux verts!

(Pause)


OLIVIER
Nom complet: Olivier Rolland
Surnom: Yoda
Nationalité: Franco-Luxembourgeoise
Age: 35 ans
Métier: Réception de marchandises à Cargolux (compagnie aérienne de fret)
Aime: - Se persuader qu'il a les yeux verts
           - Les grosses voitures
N'aime pas: - Les gens qui disent que Jack Bauer est un gros facho
                    - Le dicton qui dit: "grosse voiture, petite b..."


(Fin de la pause)

JAR - J'ai dit non! Vous voulez tous gâcher la surprise ou quoi!?
Assise entre Olivier et Christophe, ma mère vient clore le débat.
Maman  - Mon fils... Tu sais que je t'aime... Mais si tu voulais vraiment conserver l'effet de surprise, tu nous aurais mis des boules Quiès en plus des bandeaux.
JAR - Comment ça? Vous voulez dire que vous savez tous où ce vol nous emmène?!
Tous - Ben oui!
Maman - Disons que lorsque le commandant de bord nous a souhaité la "bienvenue dans ce vol à destination de Tokyo", le doute n'était plus trop, TROP permis.
JAR - (silence) Ah...

(Pause) 


MAMAN
Nom complet: Marie-Anne Rolland/Waltzing
Surnom: Marie
Nationalité: Luxembourgeoise
Age: 61 ans
Métier: Infirmière en pédiatrie à la retraite
Aime: - Les grands blacks
           - Officiellement, les allemands
N'aime pas: - le Pape
                    - Officieusement, les allemands

(Fin de la pause) 


Puisque surprise il n'y a plus, j'autorise mes parents et mes deux frères à retirer leur bandeau. Il est temps pour moi de leur expliquer les raisons de cette escapade japonaise. Mais avant cela, il me reste une petite chose à régler... Après tout, tout le monde y a eu le droit...Le temps de trouver le bouton "pause"... Voilà!

(Pause)


JULIEN
Nom complet: Julien Paul Michel Rolland
Surnom: Julien n'aime rien (ou Jaws)
Nationalité: Franco-Luxembourgeoise
Age: 27 ans
Métier: Indéterminé. Ancien otage. Ancien terroriste sous contrat.
(N') aime: - Rien
N'aime pas: - Tout le reste

(Fin de la pause)


Une bonne chose de faite! Assouvissons maintenant  la curiosité de ma famille. Une semaine avant que ce vol Paris-Tokyo ne quitte le tarmac de Charles de Gaulle, je reçus un coup de téléphone impromptu d'Alain Juppé, ministre des affaires étrangères. Très satisfait du rôle majeur que j'ai tenu dans la chute de Laurent Gbagbo, celui-ci me chargea d'une nouvelle mission de la plus haute importance: estimer les retombées économiques réelles du tsunami qui frappa le pays en mars dernier et qui engendra une catastrophe nucléaire sans précédent. Le ministre justifia cette mission en me faisant part de l'inquiétude de Nicolas Sarkozy pour le sort des japonais. Expert ès langue de bois, je compris, après mûres réflexions, que l'objectif du gouvernement français était plutôt de récolter des preuves accablantes attestant que le Japon, seconde puissance économique, ne jouissait plus, depuis la tragédie, du même prestige. Dans un contexte où les Etats-Unis, première puissance économique, viennent tout juste d'assister à un recul historique de leur cote de stabilité financière, la France voit ici une bien belle opportunité de revenir sur le devant de la scène économique internationale.

Dans un premier temps, je refusai la mission. En cause, le traditionnel voyage en famille du mois d'août. Cette année, mes deux frères, mes parents et moi-même nous étions mis d'accord sur Barcelone. Cependant, au vu des faibles risques que comporte cette mission et au caractère dépaysant du Japon en comparaison à l'Espagne, je changeai rapidement d'avis et posai mes conditions. " - J'accepte la mission si ma famille est autorisée à m'accompagner. Je veux cinq places en première classe et un hôtel cinq étoiles - Accordé - Je vous envoie mon rapport dans deux mois - Bonne chance, Monsieur Rolland - La chance!? La chance, Monsieur Juppé, c'est pour l'équipe de France de football, pas pour "Julien n'aime rien"! 


Christophe - Faut-il toujours que tu fasses preuve d'autant de prétention lorsque tu parles à un membre du gouvernement?
JAR - Ma prétention, mon frère, te permets de boire la coupe de champagne que tu tiens en main.
Papa - Mais j'ai pas envie d'aller en Chine, moi! Ça fait cinq mois que l'Espagne est prévu, bordel!
Olivier - C'est le Japon, papa.
Papa - C'est pareil. Dans les deux cas, ils bouffent du riz et jouent à des jeux télés stupides.
JAR - Assimiler un japonais à un chinois c'est un peu comme assimiler un français à un bulgare.
Papa - Non mais, ça va pas la tête?!
Maman - Moi, je suis très heureuse d'aller au Japon.
JAR - Merci maman, je savais que je pouvais te faire confiance.
Maman - Tu crois qu'il y a des grands blacks au Japon?
JAR - Ben... Plutôt des petits jaunes.
L'enthousiasme de ma mère descend visiblement d'un cran.
Papa - Tiens ben, en parlant de petits jaunes...
Mon père appuie sur un bouton au-dessus de sa tête. Sans tarder, une hôtesse fait son apparition.
Papa - Un Ricard, s'il vous plaît.
Olivier - Deux!
Christophe - Je reste au champagne, merci.
Maman - Champagne aussi.
JAR - Bon ben, Ricard.

Rapidement servis, nous trinquons une première fois pour le Japon, une seconde fois pour la première classe, une troisième fois pour l'hôtel cinq étoiles, une quatrième fois pour les cacahuètes commandées par Olivier, une cinquième fois pour le "mal de l'air" de Christophe... Et c'est donc complètement torchés que nous foulons le sol japonais quelques dix heures plus tard. Un rapide calcul me permet de conclure qu'il est 22h58, heure locale. J'informe la joyeuse troupe alcoolisée que le premier ministre japonais, Yoshihiko Noda, nous attend demain matin à 8h pour une interview et qu'il serait donc préférable de rentrer illico à l'hôtel sans passer par la case "visite imbibée de Tokyo". A contre coeur, tout le monde répond positivement à mon conseil.

Deux heures plus tard...


Sans surprise, au lieu d'un bon lit, c'est sur une piste de danse d'une boîte de nuit située à Shinjuku (le quartier chaud de Tokyo) que nous nous retrouvons sans vraiment savoir comment on y est arrivé. D'horribles morceaux de groupes japonais locaux viennent côtoyer des reprises kitchissimes de Claude François (si, si!). Qu'importe, ma mère, mes deux frères et moi montrons aux Tokyoïtes comment se déhanchent des occidentaux en pleine possession de leurs moyens. Mon père, quant à lui, préfère ménager ses pieds gonflés par le vol en surveillant nos affaires, assis sur une chaise.





Je suis réveillé le lendemain par un coup de fil de l'accueil m'informant qu'il est 7h du matin. D'une voix affreusement enrouillée par deux paquets de cigarettes fumées la veille, je réponds "merci" avant de raccrocher. Il me faut cinq longues minutes avant de comprendre où je me trouve et trois autres pour abandonner l'idée de me souvenir de la soirée d'hier. Je me lève d'un immense lit deux-personnes et m'en vais sans plus tarder réveiller les membres de ma famille un par un dans leur chambre respective. 30 minutes plus tard, ce sont cinq mines déconfites qui se retrouvent autour de la table du petit déjeuner du luxueux hôtel New Otani.

Christophe - Quelqu'un se souvient de ce qui s'est passé hier soir?
(Silence)
Maman - Vu les regards que nous lancent les employés de l'hôtel, mieux vaut ne pas s'en souvenir.
Olivier - En tout cas, c'était une bonne soirée!
JAR - On va dire ça...

Le petit déjeuner avalé sans appétit, nous faisons route vers le Sori Kantei, édifice abritant les services du premier ministre japonais. Le paysage qui défile à travers les vitres du taxi est très contrasté. Les gratte-ciels et la multitude de magasins de produits électroniques côtoient de nombreux sanctuaires et temples bouddhistes.
25 minutes de bouchon plus tard, nous sommes accueillis au pied du Sori Kantei par Yoshihiko Noda en personne. Après une interminable séance de courbettes de bienvenue, ma famille et moi prenons place dans le bureau du premier ministre. Ce dernier me demande de patienter quelques minutes avant de commencer l'interview et quitte le bureau.

Christophe - (En applaudissant) Bravo, Monsieur "n'aime rien", le plus grand journaliste des temps modernes!
JAR - Ben quoi?
Christophe - Monsieur pense à tout sauf à recruter un traducteur! Parles-tu le japonais maintenant?
JAR - Non... Mais j'ai ça!

Fier comme un coq, je sors de ma poche les deux oreillettes traductrices que Jack Bauer a oublié de récupérer lors de notre improbable rencontre et qui permettent de comprendre et de me faire comprendre par n'importe qui, quelle que soit sa langue. Sachant très bien d'où provient ces gadgets high-tech, Olivier se met à bouder.

JAR - Ne me dis que tu m'en veux encore pour cette histoire?
Olivier - Tu sais très bien que Jack Bauer est mon héros! Tu as passé 24 heures avec lui et tu n'as même pas pris le temps de lui demander un autographe pour ton grand frère préféré!
Christophe - Quoi?!
JAR - (à Christophe) Arrête, c'est toi mon frère préféré!
Olivier - Quoi?!
JAR - Bon, ça suffit! De toute façon, Jack Bauer est un con!
Olivier - QUOI?!?!
Papa - (à tous) CALMEZ-VOUS OU C'EST MOI QUI VOUS CALME!!!!

Je remercie le ciel de voir le premier ministre faire son retour dans le bureau quelque peu décontenancé par l'ambiance qui règne dans la pièce. D'un geste rassurant, je lui fais comprendre de ne pas s'en faire et de prendre place. Les esprits s’apaisent. Je tends une oreillette à Monsieur Noda et lui demande de l'insérer dans son oreille. Je fais de même avec la mienne. L'interview peut débuter... Enfin presque...

Christophe - Voilà, ton enquête commence et nous, nous devenons des figurants, c'est bien ça?
JAR - Non, j'attendais juste de voir lequel d'entre vous serait le premier à râler et je ne suis pas déçu.
Je sors de ma poche quatre oreillettes traductrices et les tends aux membres de ma famille.
Olivier - Je pensais que Jack Bauer t'en avait laissé que deux. Où as-tu trouvé les quatre autres?
JAR - C'est ça la magie des enquêtes de "Julien n'aime rien": si aucune explication crédible ne peut justifier une grossière invraisemblance dans mon scénario, je passe outre et je fais comme si de rien n'était!
Maman - Malin, mon fils!
JAR - Merci, maman. Bon, maintenant, mettez vos oreillettes et soyez sages!

Je me tourne à nouveau vers le premier ministre.

JAR - Monsieur Yoshihiko Noda - ou, si vous permettez que je vous appelle de la sorte, Yoshi -, comment expliquez-vous que...
J'aperçois les sourcils du premier ministre se froncer d'une inquiétante manière.
Noda - Premier affront! Vous commencez fort, Monsieur Rolland
JAR - Comment ça?
Noda - Je considère le manque de respect comme un affront inadmissible. Se permettre de massacrer mon prénom est une insulte pour mes ancêtres.
Mes deux frères se mettent à discrètement m'applaudir pour ma splendide boulette.
JAR - (Affreusement gêné) Je vous prie de m'excuser, Monsieur le premier ministre du Japon Yoshihiko Noda.
Noda - Heureusement pour vous, je jouis d'une grande tolérance à l'affront. Autrement dit et pour illustrer mon propos par un exemple adapté à votre niveau, les affronts envers ma personne sont comparables à des vies dans Super Mario Bros. Vous venez de perdre une vie, il ne vous en reste plus que trois.
Olivier - (Très fière de sa feinte à venir) Vivement le niveau bonus pour gagner une nouvelle vie!
Les sourcils du premier ministre se froncent à nouveau.
Noda - Second affront!
Je lance un regard noir à mon imbécile de frère.
Olivier - (A moi) Pardon, je me tais.
Je tente de reprendre le contrôle de l'interview.
JAR - Monsieur Yoshihiko Noda, expliquez-nous comment le Japon s'est relevé de la terrible catastrophe du 11 mars dernier?
Noda - Sachez, Monsieur Rolland, que le Japon n'a pas eu besoin de se relever puisque jamais elle n'a chu.
Maman - (En prétextant un cheveu sur la langue) Chu quoi?
Pour la troisième fois en moins de 45 secondes, mon interlocuteur fronce les sourcils.
Noda - Affront numéro 3!!
Je tente par le pouvoir de mon regard le plus menaçant de calmer ma famille hilare par la réflexion de ma mère.
JAR - Veuillez les excuser. Reprenons notre interview, je vous prie.
Le premier ministre acquiesce sans conviction.
JAR - On a beaucoup évoqué la manipulation des médias japonais pour minimiser les risques réelles de la menace nucléaire. Quel est votre point de vue sur cette polémique?
Noda - Balivernes! Nos médias sont indépendants, Monsieur Rolland, contrairement aux vôtres!
JAR - (Surpris) Parce que vous pensez que nos médias sont contrôlés par le pouvoir?!
Noda - Bien sûr! Souvenez-vous de cette interview de Nicolas Sarkozy réalisée, entre autre, par Michel Denisot. J'ai rarement vu une brosse à reluire aussi efficace que ce journaliste de seconde zone. Votre président n'avait plus qu'à ouvrir sa braguette pour que Denisot aille sous le bureau finir le travail!
JAR - Bien... Heu... Revenons au Japon, je vous prie...
Noda - La vérité fait mal, n'est ce pas Monsieur Rolland?
JAR - Au-delà des pertes humaines dramatiques, votre pays a souffert économiquement du tsunami.
Noda - C'est pourquoi nous avons solliciter la participation du peuple pour relancer l'économie dans les plus brefs délais.
JAR - De quelle manière?
Noda -  Avant la catastrophe, le japonais moyen travaillait 13 heures par jour. Nous lui avons demandé de travailler deux fois plus pendant 6 mois.
JAR - Hum... Vous voulez dire que les japonais travaillent 26 heures par jour?! C'est impossible!
Noda - Impossible n'est pas japonais, Monsieur Rolland!
JAR - Bon... Si tout semble parfaitement fonctionner dans votre pays, comment expliquez-vous la récente démission de votre prédécesseur, Naoto Kan? Les médias évoquent ses hésitations et maladresses dans la gestion de la crise.
Noda - Je ne vois pas de quoi vous parlez...
JAR - Enfin, Monsieur Noda! Pourquoi nier? Tout le monde est au courant!
Noda - Attention, Monsieur Rolland! Vous êtes à un affront de l'expulsion manu militari de mes quartiers! Je vous dis que je ne sais pas de quoi vous parlez et ma parole est d'or!
Papa - (Chuchotant) Il ment!
JAR - (A mon père) Oui, merci papa, j'avais remarqué! (Au ministre) Bref... Pensez-vous qu'un pays comme la France pourrait se relever d'une catastrophe semblable à celle qui a touché votre pays.
Noda se met à rire. Ma mère le rejoint dans son hilarité.
JAR - Maman, pourquoi tu rigoles?
Maman - J'essaie de te faire gagner une vie, Julien!
Noda reprend.
Noda - Laissez-moi reformuler la question, si vous le permettez: "Est ce que je pense qu'un pays de feignasses grévistes qui bossent à peine 35 heures par semaine et qui se permettent pourtant de râler sur un recul de l'âge légal de la retraite (il reprend sa respiration), pourrait se relever d'une telle catastrophe?" Très drôle, Monsieur Rolland!
JAR - Hum... Vous marquez un point, là... En ce qui concerne Fukushima et sa centrale nucléaire endommagée, la situation est-elle sous contrôle? Où en est la radioactivité de la zone?
Noda - La situation est totalement sous contrôle et la radioactivité tellement basse que le gouvernement envisage la construction d'un Disney World à Fukushima.
JAR - Ah...
Je jette un oeil à mes fiches. Je réservais encore de nombreuses questions au premier ministre mais au vu de la mauvaise foi du bonhomme, je choisis finalement de conclure l'entretien.
JAR - Merci Monsieur le premier ministre, ce sera tout.
Alors que je me m'apprête à quitter mon siège, mon père se penche vers moi.
Papa - Tu as tout ce qu'il te faut?
JAR - Ben oui, papa, je viens de le dire.
Papa - Très bien! (Il s'adresse au premier ministre) Eh Yoshi! D'après toi, qui a la plus petite quéquette? Le chinois ou le japonais?
Sans surprise, les sourcils du premier ministre se froncent de manière surréalistes.
JAR - (Paniqué et en pointant du doigt mon père) Ne l'écoutez pas, il est bulgare!!
Papa - Non mais, ça va pas la tête! Je suis français, Monsieur, FRANÇAIS! Et nous ne sommes pas des FEIGNASSES GRÉVISTES!!

Trois minutes plus tard, nous sommes - comme promis - expédiés manu militari à l'extérieur du Sori Kantei par trois vigiles sumos. Je me tourne directement vers mon père.

JAR - Non mais, qu'est ce qui t'as pris?!
Papa - Je trouvais ça plus drôle de terminer par un affront!
JAR - (Après une courte réflexion) Moui, c'est pas faux!
Christophe - Et même pas deux affronts! (Il sort de sa poche un bic en or) Regardez ce que je lui ai chouré avant que l'on se fasse virer!
Olivier - Voire par trois affronts!
Maman - Et pourquoi pas quatre?!
Mon frère sort de sa poche un DVD d'une édition japonaise de The Rock  et ma mère, un petit Swarovski en forme de panda.
JAR - Non, mais vous n'avez pas honte! (Je mets à mon tour ma main dans ma poche et en sors une boîte de cigares cubains volés sur le bureau du premier ministre) Vous ne pensez vraiment qu'à vous!

Je tends quatre cigares à mes compagnons cleptomanes avant de nous éloigner en vitesse du Sori Kantei. 
Entourés d'une agréable vapeur de havane, nous flânons dans une rue commerçante du centre de Tokyo. Finalement peu avancé par l'interview foireuse du premier ministre, j'explique à ma famille qu'une escapade à Fukushima se révèle indispensable pour compléter mon rapport. A cette annonce, les cernes déjà très inquiétantes situées sous les yeux de mon père se mutent en quelque chose ressemblant fortement à des  pneus. Au soulagement général, je propose alors de nous accorder quelques jours de repos avant de continuer notre mission. Ce planning vierge nous permettra par la même occasion de passer en mode "touristes français qui ne laissent jamais de pourboire et qui, pour couronner le temps, passent leur temps à râler".

Trois jours plus tard...


Non sans difficultés, je réussis finalement à organiser une rencontre avec le responsable de la centrale nucléaire. Peu emballée à l'idée d'un largage parachute au-dessus de la petite ville japonaise, ma famille me convainc de louer une Mitsubishi pour nous rendre sur les lieux. Une fois sur la route, Olivier au volant, moi côté passager et les trois autres derrière, nous constatons une disparition progressive de toute âme vivante. L'effet "fin du monde" est saisissant. Une demi-heure avant notre arrivée, le compteur geiger acheté la veille se met logiquement à s'affoler. Nous enfilons donc tous les cinq une tenue nucléaire. Celle-ci se compose d'une combinaison imperméable d'un jaune particulièrement disgracieux, de deux gants verts et d'un masque.

Olivier - (Se tournant vers moi et respirant bruyamment à travers son masque) Luke, je suis...
JAR - (Le coupant) Oui, je sais, "mon père". Je ne l'attendais à peine, cette blague!
Olivier - (Déçu) Pff! Quel rabat joie!

Les quelques 250 kilomètres qui séparent Tokyo et Fukushima sont effectués en deux bonnes heures.
Nous pénétrons le parking désert de la centrale nucléaire dévastée. Mon frère fait deux fois le tour du parking.

Christophe - (A Olivier) Mais gare-toi, bordel!
Olivier - Y'a trop de choix, je ne sais pas où me parquer!
Maman - Devant l'entrée, domm! ("imbécile" en luxembourgeois)

Enfin garés, nous sommes accueillis par le responsable de la centrale à qui je tends une oreillette traductrice. Il se l’insère dans l'oreille. Ma famille et moi faisons de même. Nous sommes évidemment tous surpris de constater que le bonhomme est le seul de nous six à ne pas porter de tenue nucléaire.

- Bonjour je m'appelle 鳩.
Papa - A vos souhaits!
JAR - (A mon père) Ne commence pas, papa! (Au responsable) Enchanté 痴人!
鳩  - (Choqué) Pourquoi me traitez-vous d'idiot?!
JAR - Je vous prie de m'excuser, j'ai probablement mal prononcé!
Mes deux frères se mettent une nouvelle fois à applaudir ma maladresse légendaire. Compréhensif, le responsable de la centrale me propose de l'appeler 鸚鵡 pour faciliter les choses. 
JAR - Hum... Merci

Les présentations faites, nous poussons la porte de ce qu'il reste de la centrale. A l'intérieur, il nous est presque impossible de distinguer le comptoir qui faisait office d'accueil tellement il est recouvert de suie épaisse et de cendres. 鳩 nous invite à le suivre dans son bureau situé au premier étage. Dans l'escalier, je lui demande si quelqu'un d'autre est présent dans la centrale. Il me répond qu'il est seul responsable du site depuis près de deux mois. Nous nous installons dans une toute petite pièce uniquement meublé de six chaises et d'un bureau. 

- Je vous écoute.
JAR - Comment peut-on qualifier la situation de la centrale de Fukushima, aujourd'hui?
鳩  - Selon les autorités, excellente! C'est pourquoi, je ne porte plus de tenue nucléaire depuis plusieurs semaines.
JAR - Vous semblez avoir une confiance sans limite envers le gouvernement. Benjamin Franklin disait avec la sagesse qui le caractérisait: "le trop de confiance dans les autres est la ruine de bien des gens". 
Christophe - (Dans un soupir) Quel crâneur, ce mec...
鳩 - Peut-être. Mais vous savez aussi bien que moi que "Pierre qui roule n'amasse pas mousse".
JAR - Sauf si cette pierre roule sur du plutonium, Monsieur 鳩!
鳩 - Vous m'ennuyez, Monsieur Rolland.
Olivier - Oui, moi aussi...
JAR - "L'ennui est une sorte de jugement d'avance"
Papa - Donne-moi ce bouquin!!! (Mon père m'arrache des mains mon dictionnaire des citations)
JAR - (Choqué par la violence de mon père) "Le vrai courage est calme ; la violence n'en est jamais la preuve"!!!!
鳩 - Pouvons-nous reprendre l'interview, je vous prie. J'ai ma ronde à faire dans cinq minutes!
JAR - Nous pourrions éventuellement continuer cet entretien en faisant votre ronde.
鳩 - "D'une pierre, deux coups" Faisons ça!

Nous nous levons tous et quittons le petit bureau exigu. Mon intrépide famille et moi-même suivons 鳩 à travers d'interminables couloirs. Nous empruntons ensuite un escalier qui nous amène devant une immense porte en métal.

鳩 - Les réacteurs se trouvent derrière cette porte.
Maman - (Inquiète) Vous êtes sûr que vous ne voulez pas mettre de tenue nucléaire?
鳩 - Je vous dis qu'il n'y a plus rien à craindre!
 ouvre la porte. Le compteur Geiger qu'Olivier tient en main explose instantanément. 鳩 semble surpris.
鳩 - (Désignant le compteur) Matériel défectueux... Hum, "made in China", j'imagine.
Mon frère vérifie.
Olivier - Non, "made in Japan". 
鳩 - Ah...
Ma mère me tire par la manche. J'aperçois à travers son masque un regard paniqué.
JAR - (A 鳩) Finalement, on va vous laisser faire votre ronde seul.
鳩 - M'enfin! Je vous répète que rien n'est à craindre. (En se pointant des deux mains) Regardez-moi, je pète la forme! (Hésitant) Enfin... Non, je mens. Je dois avouer que depuis quelques semaines, quelque chose a ... hum... disons... changé... Attendez, je vais vous montrer.
鳩 commence alors à déboutonner son pantalon.
JAR - Non, non, non! C'est bon, on vous croit sur parole!
鳩 - (Continuant sans aucune pudeur son imprévisible strip-tease) "Seeing is believing", comme dirait les sceptiques!
Christophe - Ceux qui ne sont pas sceptiques peuvent-ils se passer de voir... Ah, trop tard...

Tout sourire, 鳩 sort de son caleçon quelque chose qui ne peut être que l'oeuvre du Malin. Face à ce spectacle peu ragoutant, trois sentiments bien différents jaillissement de ma famille: le choc, pour mes deux frères et moi. La fascination teinté d'un certain trouble, pour ma mère. Enfin, le stoïcisme pour mon père.

Papa - (Commençant à déboutonner son pantalon) Je ne vois vraiment pas ce qu'il y a d'impressionnant.
JAR - (Stoppant mon père) Non, c'est bon, papa!
Olivier prend son portable et filme le phénomène.
Christophe me tape sur l'épaule.
Christophe - On est bien en train de regarder le sexe géant d'un japonais radioactif?
JAR - Oui, je crois bien, oui...
Christophe - Très bien! C'était juste pour vérifier que je ne souffrais pas d'hallucinations.
JAR - Je pense que c'est bon, Monsieur 鳩. Vous pouvez ranger votre... votre... instrument de mort...
鳩 s’exécute.
JAR - Est-ce le seul symptôme?
鳩 -  Bon, parfois je tousse du sang et la semaine passé, il est vrai que j'ai dû me choquer parce que je faisais une petite crise cardiaque... Mais je veux dire, c'est rien par rapport à ÇA! (Il désigne à nouveau son engin)


Olivier range son portable et demande que nous écourtions l'entretien. J'accepte sans trop de difficulté.

JAR - Bien, Monsieur 鳩, je pense que nous pouvons conclure ici.
鳩 - (Fermant enfin sa braguette) Très bien. Je vais continuer ma ronde.
JAR - Une dernière chose... J'ai cru comprendre que tous les prénoms japonais avaient une signification.
鳩 - C'est exact.
JAR - Que signifie le votre?
鳩 - "Pigeon".
JAR - Hum... Ceci expliquant sûrement cela...

Nous nous apprêtons à quitter 鳩 lorsqu’une alarme se met à retentir, accompagnée d'une voix hurlant des ordres en japonais.

鳩 - Oh bon sang, tous aux abris anti-atomiques! Alerte au tsunami!!
JAR - (Paniqué) Mais bon sang, il n'y a pas eu de séisme!!
鳩 - Qu'importe! Suivez-moi!

Ma famille et moi courrons derrière 鳩. Nous descendons plusieurs étages pour nous retrouver devant une seconde porte en métal. Le responsable de la centrale s'empresse de l'ouvrir et nous investissons une minuscule pièce. 鳩 referme la porte. La panique se lit sur tous les visages.

Maman - Cette pièce peut nous protéger d'un tsunami?
鳩 - Honnêtement, rien n'est moins sûr...
Maman - (Se tournant vers sa famille) Si jamais l'heure est venue, je tenais à vous dire que je vous aime tous très fort.
Christophe et Olivier - Nous aussi, maman...
Papa - Même si je passe mon temps à vous gueuler dessus, sachez que je vous aime aussi.
Tous les regards se tournent ensuite vers moi.
JAR - (Gêné) Ben oui, c'est bien... On est une famille unie, quoi!
Maman - Dis-le!
JAR - Mais je ne peux pas! Tu sais très bien que Julien n'aime rien!
Tous (même 鳩) - DIS-LE!
JAR - Je... Je... Je... Je vous... Je vous ai...
Tous - Vas-y, tu peux y arriver!
JAR - Je vous... Je vous... Je vous ai... Je vous aime...
鳩 - (De nouveau tout sourire) Alléluia! (A ma mère) C'est bon? Vous avez eu ce que vous vouliez?
Maman - (Egalement souriante) Oui, oui, c'est bon. Vous pouvez rouvrir la porte.
JAR - (Ne comprenant rien à la situation) QUOI?!
Maman - On savait que tu avais un coeur, Julien! "Julien n'aime rien"! C'est juste un genre que tu t'es donné.
JAR - Mais, mais, mais!?
Christophe - Comment qu'tu t'es fait avoir, toi!

La porte à nouveau ouverte, je quitte la "panic room" à toute vitesse, vert de rage. Mon père m’agrippe par la tenue nucléaire.

Papa - (zieutant mon arrière train) Tu as un trou, Julien!
JAR - Comme tout le monde!
Papa - Non... Je veux dire, un trou à ta tenue nucléaire!
JAR - QUOI?!

Ma famille et 鳩 se rapprochent de moi. J'enlève mes deux gants et tâte la déchirure. Je blêmis instantanément.

JAR - Oh mon dieu! Oh mon dieeeu!
Maman - (Pointant ma main) Et ça c'est quoi?!
JAR - Ça? C'est une main maman. Ça sert à écrire, porter des choses, tenir...
Maman - (Me coupant) Regarde-la!


Je regarde ma main et lâche un horrible cri de terreur. Olivier sort son portable pour filmer le phénomène.



Deux jours plus tard, à Paris...


Alain Juppé - Je suis très déçu, Monsieur Rolland. Votre rapport ne fait qu'une demie page et ne nous apprend rien du tout. (Soupir) Je pensais pouvoir vous faire confiance, Monsieur Rolland. Votre réputation semblait tout à fait justifiée... Enfin... Jusqu'à aujourd'hui... De plus, je constate de très nombreuses dépenses superflues. Vous avez visiblement bien profité des caisses de l'Etat: 753 € dans une boîte de nuit, 3450 € d'hôtel, 2353 € dans une boîte de strip-tease et 43 € en kebab. (En colère) Qu'avait à répondre pour votre défense?

Ne sachant que dire, je décide de lever ma main mutante et de proposer au ministre des affaires étrangères un doigt d'honneur tout à fait inédit car composé de deux majeurs. L'un dédié à l'échec de mon enquête au Japon, l'autre aux 165,35 € que l'Etat s'est permis de carotter sur mon compte en banque.

C'était Julien pour "Julien n'aime rien" (sauf sa famille). A vous les studios! 

mercredi 3 août 2011

EN BREF - Et sinon...(2)



Délit de bonne gueule


Le portrait du tueur norvégien établi par tous les JT ne fait que confirmer une théorie que je cogite depuis un bon moment.
Quelque soit le fait divers relaté et le témoin interrogé (un voisin ou un proche du tueur/violeur/psychopathe), les propos sont sensiblement les mêmes: "C'était un homme/une femme plutôt discrèt(e), jovial(e), poli(e). Jamais je n'aurais pu imaginer cette personne commettre de telles atrocités". Et ce discours revient inlassablement dans chaque sujet évoquant un cas de meurtre ou de viol abominable. C'était le cas récemment pour Xavier Dupont de Ligonès (le nantais qui a tué toute sa famille avant de s'évaporer dans la nature), mais aussi pour ce baby-sitter violeur qui faisait pourtant comme "parti de la famille", dixit le père d'une des victimes et c'est aujourd'hui le cas pour Anders Behring Breivig, ce norvégien néo-nazi qui, selon ses voisins, était quelqu'un de "très souriant et très poli".
Alors un conseil, chers lecteurs, si un jour vous croisez dans la rue un individu, l'air mauvais, tenant dans une main une machette couverte de sang et dans l'autre une tête décapitée, surtout, SURTOUT, ne prévenez pas la police, il est bien trop louche pour être coupable. Tournez-vous plutôt vers le "souriant et poli" facteur ou vers le "discret et jovial" fils grassouillet des voisins.

Les experts ne sont plus ce qu'ils étaient...


Le Tabloïd anglais The Sun vient de révéler que les enquêteurs en charge de l'affaire Winehouse n'ont retrouvé aucune drogue dans l'appartement de la défunte, mettant par conséquent en doute la thèse de l'overdose. Alors maintenant, un conseil pour vous, messieurs les experts: attendez donc l'autopsie, il y a fort à parier que vous trouverez toutes les substances illicites que vous recherchez.

Où va le monde?


Avant même son arrivée sur les Champs Elysées, le vainqueur du Tour de France 2011, l'australien Cadel Evans, s'est siroté en toute impunité du champagne, le guidon tenue par une main, la coupe par l'autre. Et puis quoi encore? L'année prochaine, assisterons-nous à un échange de seringues entre coureurs sur la ligne de départ!?



Délit de sale gueule


Ce que je retiens de l'interview de Nafissatou Diallo, la présumée victime de DSK? Simplement que l'ex probable futur président de la République a foutu en l'air sa carrière - et probablement sa vie - pour une pauvre femme de ménage aussi sexy qu'un poêle à frire et que cela rend son accusation de viol presque moins choquante que le choix de sa victime.


Le club 27


Pourvu que Justin Bieber ne meure pas à 27 ans. Le prestige du fameux club des légendes mortes à cet âge maudit en prendrait un sacré coup...


Une chose à la fois...


Extrait de la réunion des Nations-Unis du 25 juillet.

- Vite, vite, sauvons la Grèce de la bankrout!!
- N'oublions pas l'aide humanitaire pour la Corne de l'Afrique...
- CHAQUE chose en son temps! Il faut savoir fixer ses priorités. Remplir les caisses d'un pays européen ou éviter la mort à 12 millions de personnes. 
- 12 millions d'européens? 
- Mais non, voyons! Vous n'écoutez rien ou quoi? 12 millions d'africains!
- AAAaaah! Ben non, non, non, l'Europe d'abord...


Call me Cresus


- Oui, non, je comprends. Mais, vois-tu, je suis aussi un peu juste ces derniers temps. Financièrement, j'entends. 
- 'Sais bien, mec. Mais tu es ma dernière chance, j'ai tout essayé: les banques, les riches et même les pauvres. 
- Bon... Combien il te faut? 
- Environ 1000 milliards...
- de Yen?
- Mais non, de dollars, studip!
- 'tain Barack, t'abuses! Bon, je peux éventuellement te faire un chèque de 100 dollars...
- C'est toujours ça de pris... Merci Julien et God Bless America!
- Ouais, vous allez en avoir besoin...

samedi 23 juillet 2011

EN BREF - Et sinon... (1)



Toujours un temps d'avance...



-"Nous aurons un été extrêmement chaud" Météo France - Mai 2011... C'est beau la science. 



Le péril jeune

1972 
- Que veux-tu faire quand tu seras grand, mon fils?
- Astronaute, papa!
- Doux rêveur!
2011
- Que veux-tu faire quand tu seras grand, mon fils?
- Trouver un travail.
- Doux rêveur


Retraite magique



2011 sera l'année de la retraite pour deux magiciens des temps modernes:
Le premier vient de ranger définitivement sa baguette magique pour cause de fin de saga.
Le second a été contraint de ne plus jamais sortir sa baguette magique en public pour cause d'utilisation abusive de cette dernière sur personnes de sexe féminin non-consentantes.




Sujet bouche trou: mode d'emploi


Réunion de rédaction d'un grand média français. 18 juillet 2011.

Rédacteur en chef (RC) - Bon, les gars, on en est où avec le quetard de Washington?
Journaliste (J) - R.A.S patron.
RC - ... Ben merde... Bon... A Fukashimi, rien de neuf? Toujours pas de gosses à trois bras et cinq jambes?
J- C'est Fukushima, patron... Et non, plus de morts depuis trois mois. Le Japon est redevenu aussi chiant qu'avant.
RC - Bon sang!! Et Ribery et les prostitués?
J - Ces dernières semblent avoir compris que le pognon ne rend pas beau tout le monde. Bref, encore une fois, R.A.S.
RC - Libye, Tunisie, Algérie? Il ne se passe rien non plus là-bas?
J - En moyenne, on compte une vingtaine de morts par jour dans ces pays. Rien qui ne mérite qu'on en parle.
RC - Mais bordel, j'ai 45 minutes de JT à remplir moi!
J - Bah... On peut faire un sujet sur la Somalie. Une sécheresse frappe le pays depuis quelques mois.
RC - Arrête ton char! "Oh mon dieu, ils crèvent de faim! Oh mon dieu, les bébés ont des gros ventres! Oh mon dieu, l'envoyé spécial s'est pris un coup de soleil!". La Somalie, tout le monde sait ce qu'il s'y passe et tout le monde s'en tape!
J - Je ne dis pas le contraire, je suis d'ailleurs le premier à m'en taper. N'empêche, le direct est dans 5 heures, va bien falloir trouver quelque chose.
RC - Bon bah, c'est parti pour les somaliens... Va donc dans les archives et monte-moi un sujet rapidos avec de vielles images. Pfff, quand je pense qu'il y a encore deux mois, il fallait allonger nos JT tellement l'actualité était riche... Putain de vacances scolaires! Y'se passe jamais rien! (Silence) En fait, vous savez ce que c'est qu'un grain de riz dans un lavabo? ... Nan? Un somalien qui a vomi toute la nuit!
(Rire général)
.........


L’hôpital qui se fout de la charité


Le journaliste Jean-Marc Morandini a déclaré dans VSD: "France 4 et Arte ne servent pas à grand chose". L'interviewer officiel des candidats de télé-réalité et des stars du porno a dit quoi?



Défonce fatale


Amy Winehouse est morte. Le Bon Dieu vient de commander des verrous pour préserver sa divine cave à vin.
Son médecin vient de s'exprimer sur cette mort tragique: "Chaque fois que je lui demandais d'aller en Rehab, elle me répondais: non, non, non. Son décès prématuré n'est donc pas étonnant-nant-nant". 
En exclusivité ci-dessous, la première photo du corps de la chanteuse anglaise.


... Au temps pour moi, c'était un samedi soir comme les autres...

Big Brother is still watching you


"Si je devais décrire cette expérience en quelques mots, je dirais que c'est avant tout une aventure humaine, riche, profonde, unique... 
Secret Story truquée? Absolument pas! La seule consigne donnée par la prod' avant d'entrer dans la maison des secrets a été la suivante: Soyez-vous même, amusez-vous et surtout, pas de coups bas. Aimez-vous les uns les autres. 
La Voix, une sorte de despote des temps modernes? Pas du tout! Je dirais plutôt un guide, une oreille attentive lorsqu'on a le moral dans les chaussettes, un père de substitution en quelque sorte. 
Quid de Benjamin Castaldi? Un brillant présentateur, bien plus intelligent que l'on veut nous le faire croire. 


Interview de Juliette, candidate de Secret Story. Son secret? "Je suis une mytho".

dimanche 17 juillet 2011

PSYCHOLOGIE - Le Syndrome de Stockholm d'Hervé et de Stéphane

23 août 1973, Stockholm. Fraîchement évadé, un individu que l'on nommera Jan Olsson puisque c'est son nom, ne trouve rien de mieux que de braquer une banque en plein centre de la capitale suédoise. Très vite, les forces de l'ordre interviennent obligeant le malfaiteur à se retrancher sur les lieux du crime en compagnie de 4 otages qui n'en demandaient pas tant. S'en suivent 6 jours de négociations intensives qui se termineront finalement par la libération des otages. Jusque là, vous en conviendrez, pas de quoi fouetter un chaton inoffensif. Mais là où ça devient intéressant, c'est qu'au moment d'appréhender le braqueur, les policiers sont arrêtés nets par les otages qui font barrage devant Olsson. Au procès de ce dernier, les 4 victimes refuseront de témoigner contre le criminel, allant même jusqu'à lui rendre visite à plusieurs reprises en prison. On apprit plus tard qu'au cours de ces 6 jours de captivité, l'une des otages, Kristin, tomba amoureuse d'Olsson.

Cette sympathie des otages vis-à-vis des ravisseurs est connue sous le nom de syndrome de Stockholm. Celui-ci est considéré comme tel lorsqu'il répond aux trois critères suivants:
1. Développement d'un sentiment de confiance envers les ravisseurs.
2. Développement d'un sentiment positif des ravisseurs envers les otages.
3. Naissance d'une hostilité des victimes face aux forces de l'ordre.

On retrouve très régulièrement des situations au cours desquelles se manifeste ce syndrome. Pour preuve, voyez ces milliers de violences conjugales non dénoncées auprès des autorités. Non pas que ce fléau soit dû uniquement à une certaine forme du syndrome de Stockholm dans lequel la femme serait considérée comme l'otage de son bourreau de mari, mais certains spécialistes affirment tout de même que ce cas de figure - la femme ne portant pas plainte par empathie pour le conjoint - s'est déjà présenté.

J'entends déjà les lecteurs grincheux de mon blog se plaindre du caractère "pas très fun" de ces premières lignes. Pas de panique, serais-je tenté de dire, "Julien n'aime rien" en arrive aux faits.

Au retour de mon escapade avec Jack Bauer (cfr article précédent), je me suis fait une inquiétante réflexion et mes plus fidèles lecteurs pourront sans mal appuyer les propos suivants. En effet, ces derniers temps, mon travail de journaliste de terrain m'a plus que de raison amené à subir une captivité plus (1 an et demi) ou moins (24h tout pile) longue. Et, étrangement, jamais je n'ai ressenti d'animosité voire de haine envers mes ravisseurs respectifs. Après tout, j'ai suivi Jack Bauer sans vraiment rechigner et j'ai failli signer un CDI auprès de Laurent Gbagbo et Oussama Ben Laden - CDI que je pleure encore aujourd'hui. Pire, je me suis presque attaché à la sympathique stupidité de l'agent secret américain et à la bonhomie de feu "l'homme le plus recherché de la planète".


Soudainement pris de panique car pensant souffrir d'un mal incurable, je googelise mes symptômes et là, Ô surprise, ce mal porte un nom, je vous le donne en mille: le syndrome de Stockholm. Honnêtement, jusqu'à ce jour, je prenais le syndrome de Stockholm pour une sorte de tourista causée par l'immonde nourriture suédoise. Comme quoi, même les esprits les plus vifs comme le mien peuvent parfois faire fausse route - un bien beau message d'espoir pour tous les cons!

Cela étant dit, mon enquête ne fait que débuter. Pour bien faire, j'aurais évidemment besoin du témoignage d'une victime de ce syndrome. Hélas, malgré mes dizaines de coup de fil - notamment à Natasha Kampush, la jeune allemande séquestrée pendant 8 ans mais qui avoue ne pas ressentir de colère envers son bourreau -, mes recherches ne mènent à rien. Ne connaissant pas la signification du mot "abandon", je décide finalement de joindre les deux otages les plus connus de France: Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier. 547 jours enfermés dans les geôles des talibans. Qui sait? Des liens se sont peut-être noués entre ravisseurs et ravissés (ou dit-on ravissants?... Hum... Excellente question! Note pour plus tard: téléphonez à Bernard Pivot). 

PRISE DE CONTACT

C'est une voix apeurée qui me répond.
- Allo?
- Oui, bonjour Hervé, je...
- Vous êtes un terroriste? 
 - Non, non... Je repense au CDI mort-né d'Oussama. Enfin "snif" plus maintenant... Julien Rolland pour Julien n'aime rien.
- LE Julien n'aime rien?, me demande-t-il soudain enjoué.
- Lui-même!
- Je suis un grand fan!
Il va falloir m'expliquer! Tout le monde semble m'aimer et pourtant le nombre de mes membres plafonnent désespérément à 21! Monde injuste!
Je reprends mes esprits et explique à mon interlocuteur que je souhaite obtenir une interview de lui et de son compagnon d'infortune. Je tais volontairement le véritable objectif de cet entretien, à savoir le syndrome de Stockholm, afin de ne pas fausser leur témoignage. Nous convenons d'un lieu de rendez-vous (un café parisien) et d'une date (le lendemain). Je rassure une seconde fois Hervé sur ma nature "non-terroriste" et raccroche.

Ma fidèle 1007 en convalescence (encore merci, Jack!), c'est finalement le TGV qui me dépose le lendemain à la gare Montparnasse. Une gare qui, il faut bien l'avouer, se révèle nettement plus crade que dans Amélie Poulain. Cette triste constatation faite, je m'en vais sans plus tarder héler un taxi. Celui-ci me dépose 15 minutes plus tard devant le Café Parisien (original, dites-moi!). Je m'assois à une table relativement isolée, au fond de l'établissement. 11h55. Une fois n'est pas coutume, je suis en avance. En attendant Stéphane et Hervé, je commets l'erreur de commander un expresso, autrement dit une mini flaque visqueuse de 2cl dont le goût est, j'en mettrais ma main à couper, proche de celui d'un pétrole bas de gamme.
12h10. - Vous vous dites colombien et vous osez m'affirmer que votre café est bon!
- Si senior, délicieux!
- Et j'imagine que vous pensez sincèrement que le nom de votre café est original! 
- Si senior, très original! " Le Café Parisien" pour uno Café del Paris, c'est una idée del génie!
Juste avant que j'en passe aux mains avec Roberto le serveur, Hervé et Stephane font enfin leur entrée dans le café. Je regarde une dernière fois le serveur.
- Ça ira pour cette fois, gringo. Amène donc à moi et mes amis trois Perriers. 
- Tout dé suite, Senior. 
La première chose qui marque lorsqu'on découvre Hervé et Stéphane en chair et en os, c'est leur surprenante bonne mine. En effet, il est difficile à croire que ces deux gugusses ont subi un régime d'haricots rouges et de riz pendant un an et demi. Tout sourire, Hervé et Stéphane prennent place à la table que je leur désigne tandis que l'insolent Roberto nous dépose les trois Perriers. Stéphane est le premier à prendre la parole.
- Lorsque qu'Hervé m'a informé que le célèbre "Julien n'aime rien" voulait une interview de nous deux, j'ai sauté de  joie! 
Je réponds à sa flatterie par un modeste "pas étonnant" avant de commencer sans plus attendre l'interview. J'enclenche mon fameux dictaphone offert par la CIA et pose la première question.

Julien n'aime rien (JAR) - Afin de satisfaire mes lecteurs les plus ignares, pourriez-vous vous présenter? 
Hervé - Hervé Ghesquière, 48 ans, journaliste pour France 3. 
Stéphane - Stéphane Taponier, 49 ans, cameraman pour France 3. 
JAR - Expliquez-nous quel était le but de votre présence en Afghanistan. 
Hervé - Les vacances! 
Les deux amis se mettent à pouffer. Les médias ont beaucoup mis en avant la désinvolture et le sens de l'humour d'Hervé et de Stéphane... Je confirme. Non pas qu'ils sont drôles, mais que les médias racontent souvent des conneries. Remarquant mon manque de réceptivité à sa blague foireuse, Hervé reprend son sérieux.

Hervé - En fait, Nous menions depuis un mois une enquête sur la construction d'une importante route à deux pas de Kaboul. 
JAR - Expliquez-nous les circonstances de votre enlèvement au cours de cette fatidique journée du 30 décembre 2009. 
LE RÉCIT

Stéphane - Nous étions arrivés au terme de notre tournage. Une dernière mission et nous pouvions plier bagages. Avant de se lancer sur cette dangereuse route, nous avions tout prévu: un traducteur digne de confiance, nommé Reza, ainsi que deux conducteurs qui faisaient aussi office de guides et dont je ne prendrais pas la peine de nommer puisqu'ils n'ont qu'un petit rôle dans mon récit. Ces derniers nous conseillèrent de nous habiller à l'afghane histoire de passer inaperçus. Nous quittâmes Kaboul à 5h du matin à bord d'une Toyota blanche comme on en voit des centaines dans la région. Très vite, nous avons atteint le premier check-point de l'OTAN. Les soldats nous mirent en garde sur le danger de la vallée de la Kapisa contrôlée par les talibans.
Hervé - Sur ce, je répondis à ces mauviettes que j'avais couvert les conflits en ex-Yougoslavie, au Rwanda et en Irak et que ce ne sont pas trois ou quatre barbus armés de mitraillettes en mousse qui allaient me faire peur.
Stéphane - Refusant coûte que coûte de nous laisser passer, les soldats nous demandèrent alors de faire demi-tour. Dans l'impasse, Hervé eut une brillante idée. Il regarda derrière les soldats et hurla: "Ooh mon dieu, c'est Ben Laden, là-bas!". Pris de panique, les bidasses se retournèrent et firent feu sans même analyser la situation.
Hervé - Je ne suis pas très fier. J'appris à notre retour que ma diversion avait coûté la vie à deux chameaux et une chèvre.
Stéphane - Bref, nous profitâmes de ce moment de flottement bruyant pour passer le check-point en toute tranquillité. Nous nous retrouvâmes alors sur une route de bien mauvaise qualité. C'est alors que nous pûmes...
JNR - Non vraiment les gars, arrêtez avec le passé simple, c'est franchement moche.
Hervé - Très bien, l'ami, nous passons au présent de narration d'autant plus que cela donnera à notre récit un relief particulier en le rendant plus présent à l'esprit du lecteur. Vois-tu, ce qui est génial avec l'utilisation du présent de narration, c'est...
JNR - Tenez-vous en aux faits, par pitié!
Stéphane - Nous roulons à petite vitesse pendant approximativement 1h. Vers 11h, des types armés de kalachnikov font irruption sur la route et nous forcent à nous ranger. Reza baragouine dans un anglais approximatif: "Big, big problem".
Hervé - Je lui réponds: "Sans blague, Einstein" et étrangement personne se marre.
Stéphane - Nous sommes violemment traînés hors de la Toyota. Les deux guides sont emmenés ; plus jamais nous les reverrons. Après nous avoir dépouillés de nos passeports et de ma caméra, nous sommes à nouveau mis dans la voiture en compagnie de 13 talibans (dont un dans le coffre, 4 sur le toit et 2 tirés sur un skate derrière le véhicule). Fiers comme jamais de leurs prises, les talibans font le tour de plusieurs villages en criant: Michael Vendetta! Michael Vendetta!!, bizarrement leur seule référence française. Au cours des premiers mois de notre détention, nous sommes amenés à changer de lieu très régulièrement pour éviter d'attirer l'attention du voisinage.
JNR - Quelles étaient vos relations avec les talibans?

Hervé et Stéphane semblent surpris. Apparemment, aucun autre journaliste ne s'était véritablement arrêté sur cette question. Il faut savoir que pour le commun des mortels, il est totalement inconcevable qu'un sentiment autre que la haine puisse naître entre otage et ravisseur. C'est Hervé qui reprend la parole.

Hervé - Enfin une bonne question! Depuis que nous avons posé le pied sur le territoire du Camembert et des ronds points inutiles, on entend toujours les mêmes questions: Avez-vous eu peur de mourir? Où faisiez-vous pipi, caca? Décrivez-nous le repas type d'un otage de barbus? Les talibans se mangent-ils entre eux? Etc etc. Eh bien, sachez qu'à part une incompréhensible vénération pour Michael Vendetta, les talibans sont des gens comme les autres.
Mon intuition légendaire a encore fait des miracles. Je sens venir le syndrome de Stockholm à plein tube.

JNR - Pouvez-vous approfondir les relations que vous avez pu entretenir avec les talibans?
Stéphane - Les premiers jours de captivité ne sont pas joyeux, il faut bien l'avouer. On sent que nos ravisseurs sont quelque peu dépassés par les évènements. C'est finalement le 29 janvier 2010 que les choses vont commencer à s'améliorer.
Hervé - On vient me chercher et on m'emmène au sommet d'une montagne où passe le réseau téléphonique. On me tend un portable et c'est un homme des services secrets français qui se trouve au bout du fil. Il m'informe que les négociations ont démarré et que notre libération ne saurait tarder. La conversation terminée,  les talibans se félicitent de cette première victoire. On voit presque des dollars sortir de leurs yeux. Le lendemain, l'ambiance s'est considérablement apaisée. Les talibans organisent pour l'occasion un barbecue halal auquel nous ne sommes bien évidemment pas conviés. Pourtant, il se passe ce jour-là quelque chose de très surprenant.
Stéphane - (coupant Hervé) Tu es sûr que tu veux tout lui raconter?
Hervé - Qu'est ce que je risque? Son blog ne possède que 19 membres!
JNR - (Outré par ce manque d'exactitude) 21! 21 membres!
Hervé - Ah ben bravo, tu as réussi en ajouter 2 depuis ma dernière consultation! Juste par curiosité, peux-tu me dire qui sont ces intrépides lecteurs?
JNR - ... Hum... Le fils et la fille d'amis...
Hervé - Qui ont...?
JNR - Hum... 2 et 2 ans et demi
Hervé - ... Et par conséquent, ces deux lecteurs ne...?
JNR - ... Savent pas encore lire... Oui, bon ça va...
Hervé - (à Stéphane) Tu vois! Aucun risque! Eh puis mince, faut que ça sorte, nom de dieu!
Stéphane - (après une longue réflexion) Très bien, allons-y.

PREMIERS SYMPTÔMES

Je profite qu'Hervé et Stéphane se rincent le gosier de Perrier pour changer de style de narration, histoire de varier les plaisirs. Le verre vidé d'une traite, Stéphane évoque ce fameux jour du barbecue. Il faut savoir que depuis un mois, le quotidien des journalistes et de Reza, l'interprète, se résumait à une pièce insalubre d'à peine 10m² sans lit ni toilette et d'une douche toutes les deux semaines au mieux. Mais l'échange entre Hervé et l'agent de la DGSE semble avoir changé la donne. De la fenêtre, les trois prisonniers entendent une dizaine de talibans fêter le début des négociations. Soudain, une porte s'ouvre et ils aperçoivent l'un des ravisseurs apporter une généreuse assiette composée de juteux morceaux d'agneau. Il la dépose sur la seule table de la pièce et s'en va sans mot dire. Logiquement affamés, les trois otages se jettent sur cette inespérée corne d'abondance. Et ce rituel se reproduira tous les jours jusqu'à la libération.

Cette soudaine générosité n'empêche cependant pas l'ennui de se faire de plus en plus pesant. Pour remédier à cela, Stéphane tente de négocier une simple radio. Ce sont finalement un écran plat avec abonnement à 285 chaînes et une Wii qui sont installés dans la petite pièce. Pendant près de quatre mois, les otages partageront leur temps entre promenades quotidiennes de 2 à 4 heures, parties de Mario kart endiablées et bouffes royales. Sans surprise, ils prennent entre 4 et 8 kilos au cours de cette période.

Progressivement, les interactions entre otages et ravisseurs se font de plus en plus fréquentes. Un soir, me raconte Hervé, le taliban responsable de notre confort lui propose une partie d'un jeu bien connu. Reza joue le rôle du traducteur.
Taliban - وقلبي من رضاك مح ?
Reza - Porte-t-il une cravate verte?
Hervé - Non.
Reza - مح
Tap. 

Hervé - Porte-t-il une barbe ?
Reza - من رضاك ?
Taliban - من !

Reza - Non!
Tap-Tap-Tap-Tap-Tap-Tap-Tap-Tap-Tap-Tap-Tap
Taliban - من رضاك مح ?
Reza - Porte-t-il des lunettes à pois jaunes?
Hervé - Heu... Ben non!
Reza - Heu... Ben من !
Tap
Hervé - Porte-t-il une kalachnikov?
Reza - من رضاك ?
Taliban - من
Reza - Non
Tap-Tap-Tap-Tap-Tap-Tap-Tap-Tap-Tap-Tap-Tap
Hervé - Alors... Pas de barbe ni de kalachnikov... Je pense que c'est John, le seul occidental du Qui est-ce? taliban!
Taliban - وقلبي من رضاك مح !!
Reza - Bien joué, connard !!
Voilà une bien étrange captivité, loin, très loin même, de l'image que l'on peut se faire d'une telle situation. Je ne peux me résoudre à croire à un syndrome de Stockholm aussi aiguë. J'interroge donc les journalistes sur les moments les plus angoissants qu'ils ont pu vivre - car il doit bien en avoir au moins un! Hervé répond par l'affirmative et me raconte qu'un soir de février, alors qu'ils jouaient une partie de Cranium - jeu de société dans lequel trois équipes de deux doivent se faire deviner par le mime des personnages ou des situations -, un taliban s'est servi de Stéphane pour mimer : un terroriste décapite un infidèle. Exceptée cette décapitation simulée mais plus vraie que nature, jamais l'un des trois otages n'a craint pour sa vie.

Je n'en crois pas mes oreilles. Depuis leur retour, les médias nous bassinent à propos des conditions déplorables de la détention d'Hervé et de Stéphane. On a qualifié de héroïque leur résistance face à la menace d'une mort imminente. Et qu'entends-je aujourd'hui? Qu'ils ont en réalité vécu tels des pachas nourris, logés et blanchis. Ces interminables marches dans la nuit, ces cellules exposées au vent glacial et infestées par des rats et des serpents, tout ne serait donc que mensonge? "Pas tout, m'arrête Hervé, nous avons effectivement marché 1 heure en pleine nuit pour rejoindre la piscine chauffée d'un des talibans". Je ne prends même pas la peine de répondre. Stéphane tente de se justifier:



Stéphane - Officiellement, le gouvernement n'a versé aucune rançon. Mais Hervé et moi savons bien que c'est faux. Sarkozy était en manque de popularité. A l'instar de l'affaire Ingrid Beancourt, il savait qu'une libération des deux otages les plus médiatisés de France pouvait lui faire marquer des points à un an de 2012. C'est pourquoi il a ouvert le portefeuille et répondu aux revendications des talibans, à la grande surprise de ces derniers d'ailleurs.
JNR - Où voulez-vous en venir?
Stéphane - Crois-tu vraiment que le véritable récit de notre captivité aurait réjoui le gouvernement et l'opinion? De quoi aurait-on eu l'air? De deux pauvres types qui ont copiné avec l'ennemi en se goinfrant pendant un an et demi alors que toute la France se mobilisait, organisait des marches silencieuses, montait des concerts foireux avec Raphaël et Chimène Badi. Impossible. C'est pourquoi nous avons décidé de commun accord avec Hervé de réécrire l'histoire, de la rendre plus...disons... dramatique.

J'hésite entre être choqué par ma découverte, que l'on peut facilement considérée comme le plus grand mensonge à grande échelle depuis l'histoire bidon des armes de destructions massives irakiennes et l'excitation de tenir ici l'un des cas les plus significatifs du syndrome de Stockholm. Ma morale me fait d'abord pencher pour la première solution. Je commande une tequila à Roberto et l'avale cul-sec tel un cow-boy qui vient d'apprendre la mort de sa fidèle monture. Puis rapidement, le journaliste avide de scoop qui sommeille en moi donne un coup de pied dans les couilles de sa morale et reprend l'interview. 

LA LIBÉRATION

Je vous épargne la description des derniers mois de cette captivité 5 étoiles pour passer directement au 29 juin 2011. Ce jour-là, un taliban pénètre en pleure dans l'appartement de Stéphane et Hervé - car oui, les deux journalistes ainsi que Reza avaient depuis plusieurs mois élus domicile dans un magnifique duplex de 120m². Bref, ce taliban informe nos trois otages de luxe que le gouvernement français a versé la rançon et qu'il est donc dans l'obligation de les conduire dans une base militaire française située à Tagab, une petite villes afghane. Cette nouvelle fait l'effet d'une bombe dans la tête des trois otages. Reza tombe sur ses genoux et crie, les bras déployés, comme s'il était dans un mauvais drame américain. Hervé s'approche du taliban dépité et le serre dans ses bras. A l'évocation de cette scène, les yeux des deux journalistes se remplissent de larmes. "J'ai rarement ressenti une telle émotion", ajoute Hervé. 



Stéphane - Le lendemain, celui que l'on peut considérer comme le chef des talibans organise une ultime fête dans sa villa. Tous les talibans que nous avons côtoyés au long de notre séjour ont tenu à faire acte de présence. Alors que nous mangeons, buvons et discutons avec nos amis, le chef dépose devant nous 7 valises bourrées de billets de 100 dollars. "Voici la rançon, nous informe-t-il. 7 000 000 de dollars américains." Accompagné de deux autres talibans, il empoigne les valises, se dirige à l'extérieur de la villa et jette l'entièreté de la rançon dans un énorme brasier allumé quelques minutes plus tôt. Le chef se retourne vers Hervé, Reza et moi et, la barbe tremblante, nous dit: "Votre amitié n'a pas de prix. Vous allez beaucoup nous manquer"
Hervé - 24 heures plus tard, nous nous retrouvons à boire une coupe de champagne en compagnie du général en chef des forces armées française pour "fêter" notre libération. 
JNR - Qu'est devenu Reza? 
Hervé - Il ne lui a pas fallu plus de 10 minutes pour décider de s'installer définitivement auprès de nos ravisseurs. En janvier dernier, il a fait la rencontre de la soeur d'un taliban et en est tombé instantanément amoureux. Je me souviens encore. "Ces yeux! Ah, ces yeux!", ne cessait-il de dire. Alors évidemment, curieux comme je le suis, je voulais en savoir plus. Le problème, c'est qu'il n'avait jamais vu autre chose que ses yeux... 
Stéphane - Elle portait la burqua. 
JNR - Oui, merci, j'avais compris l'allusion... Et donc, depuis votre libération, vous bernez tout le monde avec vos histoires de captivité inhumaine. 
Hervé - Avait-on le choix? 
JNR - J'imagine que non...
Stéphane - Voilà, tu connais toute la vérité. 
JNR - Dernière question: quels sont vos projets pour les prochaines semaines à tous les deux? 
Hervé - Je prépare une enquête sur la vie des chiens errants dans la vallée de la Kapisa. Stéphane et moi partons dans une semaine pour l'Afghanistan. 
JNR - Ça m'aurait étonné...


J’éteins mon dictaphone, remercie Hervé et Stéphane pour leur honnêteté et quitte la capitale française à bord du TGV de 19h12. Trois jours plus tard, mon article terminé et après mûres réflexions, je téléphone à Hervé pour proposer mon aide sur ce reportage concernant les chiens errants de la vallée de la Kapisa. "Avec plaisir, l'ami! Plus on est de fous...". 


C'était Julien Rolland pour un "Julien n'aime rien" qui souhaite approfondir la question du syndrome de Stockholm sur le terrain. Rien que pour vous, mes fidèles 21 lecteurs. 


Deux semaines plus tard


Laurent Delahousse  - Nous venons d'apprendre qu'Hervé Ghesquière, Stéphane Taponier ainsi qu'un troisième obscur journaliste viennent de se faire enlever par un groupe de talibans. Ces derniers refusent toute négociation......