Un blog pour qui la critique positive et l'objectivité ne sont que de vagues concepts sans intérêt

Mon credo se résume à ceci: un minimum d’objectivité pour un maximum de mauvaise foi.
Cinéma, musique, politique, actualité... Mes enquêtes me mènent toujours à la même conclusion: pas grand chose dans notre société ne mérite d'être aimé...
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dimanche 26 juin 2011

JEU VIDEO - Critique de L.A Noire

Dire de L.A Noire que c’est un jeu ultra-attendu révèlerait du pléonasme. Ces derniers mois, la nouvelle production estampillée Rockstar et développée par les nouveaux venus de Team Bondi s’est affichée à plusieurs reprises par des bandes-annonces pêchues qui mettaient en avant le soin apporté à l’ambiance 40’s mais aussi et surtout l’utilisation d’une technologie inédite nommée le Motion Scan pour un rendu des expressions humaines criantes de vérité. Est-ce cependant suffisant pour faire de L.A Noire un nouveau classique du genre ? Menons l’enquête…

Premier point à clarifier avant toute chose : malgré les apparences, L.A Noire n’est pas un GTA-Like. Manette en main, il ne faudra pas plus d’une petite demi-heure de jeu pour réaliser la surprenante linéarité du soft. Pourtant, les développeurs de Team Bondi ont visiblement pris comme point de départ la célèbre saga de Rockstar. L’aventure est en effet parsemée de fusillades et de courses poursuites. Il nous est également possible, entre deux enquêtes, de flâner librement dans un Los Angeles très bien modélisé – bien que manquant un peu de vie. Mais très vite, le joueur se rend compte que l’intérêt est ailleurs. Team Bondi brouille les pistes et détourne avec talent la recette qui a fait de GTA un carton mondial.

Mais revenons au préalable au cœur de L.A Noire, à savoir son scénario. Le jeu nous met dans la peau de Cole Phelps, un héros de guerre comme on en faisait tant après la seconde guerre mondiale. Lauréat de la Silver Star pour son courage lors de la campagne du Pacifique, Phelps rentre au pays et plus précisément à Los Angeles. Irréprochable et vertueux, il s’engage logiquement dans la police de Los Angeles afin de lutter contre les meurtriers et les trafiquants de drogue qui empoisonnent la cité des anges.
Manquant d’un réel fil conducteur lors des premières enquêtes, l’histoire va cependant progressivement nous dévoiler une intrigue digne d’un excellent polar old-school. Sans trop spoiler, Phelps va tour à tour avoir à faire avec des politiciens véreux, des tueurs en série (dont un particulièrement mythique), des détraqués sexuels, des entrepreneurs sans scrupules…
La psychologie des différents protagonistes a fait l’objet d’un soin tout particulier. Sous ses airs de jeune premier incorruptible et limite agaçant, Phelps va, au fil des enquêtes et via de nombreux flash-back, se révéler plus complexe qu’il n’y paraît. Il en va de même pour les quatre partenaires qui se succéderont au côté de notre héros. Assez antipathiques aux premiers abords, ces derniers se dévoileront à travers les nombreux dialogues prononcés lors des trajets en véhicule.
Les dialogues justement, parlons-en. Brillamment écrits et interprétés avec beaucoup de conviction par des acteurs de renom – dont beaucoup sont issus de la série Mad Men - , ils font également souvent preuve d’un humour discret, proposant en prime une critique acerbe de la société américaine des années 40/50.
A l’instar d’un Tommy Vercetti ou d’un CJ Johnson dans le milieu criminel, Phelps commence en bas de l’échelle hiérarchique de la police. Affublé du fameux costume bleu, notre héros débute sa carrière par une première enquête qui fait ici figure de dictatiel. Arriviste comme jamais, Phelps va très vite passer de simple agent à détective puis à inspecteur avant qu’un évènement ne vienne redistribuer les cartes.
Certains ont pu évoquer le caractère sans surprise du scénario. C’est pourtant la force du titre. Contrairement à un Heavy Rain qui sombre dans une incohérence totale à cause d’un twist final qui remet en cause toute l’aventure, L.A Noire nous propose un script réaliste, aux rebondissements parfois attendus, il est vrai, mais libre des contraintes de « l’effet de surprise à tout prix ».

Au-delà de son scénario sans fausse note, nous pouvons aborder l’une des principales originalités du soft, à savoir ses enquêtes et ses interrogatoires. Divisé en une vingtaine de chapitres pour le même nombre d’enquêtes, L.A Noire fait la part belle à l’investigation et la recherche d’indices. Jouissant d’une interface simple, le soft propose une certaine liberté d’action. En effet, le joueur peut choisir de ne pas fouiller de fond en comble une scène de crime et par conséquent d’omettre un indice crucial pour le bon déroulement de l’enquête. Que les néophytes se rassurent, les développeurs de Team Bondi ont clairement voulu rendre la progression la moins frustrante et la plus fluide possible. Lors de la recherche d’indices, une note musicale et une légère vibration du pad vient avertir le joueur qu’il se trouve à proximité d’un indice. De plus, la musique d’ambiance cesse totalement lorsque la scène de crime a fini de dévoiler tous ses secrets. Il faut également savoir que, quelque soit votre façon de procéder, le game over n’existe pas. Il est tout à fait possible de désigner le mauvais coupable mais, mis à part une tape sur les doigts de la part de votre supérieur, cette erreur n’aura que peu de conséquences sur la suite de l’aventure.

Une fois satisfait de son investigation, le joueur passera aux interrogatoires des suspects et des témoins. Sobrement filmés en gros plan et champ-contrechamp, ces derniers font montés la tension d’un cran. Le jeu nous laisse alors le choix entre trois options : soit l’interrogé dit la vérité, soit il cache une information et on décide de lui mettre la pression, soit il ment et ce sera au joueur de justifier son accusation par un indice irréfutable. C’est pendant ces phases de jeu que la technologie Motion Scan prend tout son sens. Un front qui se plisse, un regard fuyant, une moue dubitative… Jamais des personnages de jeu vidéo n’avaient été aussi expressifs. La qualité de cette motion capture nouvelle génération associée à un bon sens de l’observation permettra au joueur de mener à bien son interrogatoire. Si le rendu est tout simplement saisissant, il est malheureusement imparfait. En effet, il arrive de temps à autre d’hésiter sur la marche à suivre à cause de certaines approximations. Pourtant sûr d’avoir une preuve pour réfuter les dires d’un suspect, on se retrouve parfois à totalement rater un interrogatoire parce que les développeurs ont décidé que ça se passerait de telle ou telle façon et pas d’une autre. Toujours dans un souci de « frustration 0 », Team Bondi propose au joueur coincé des points d’intuition qui, une fois activés, enlèvent un choix dans le système de question-réponse. Ces points d’intuition se gagnent assez facilement après la résolution d’une enquête ou d’une des 40 - assez peu intéressantes - affaires secondaires (vol à main armée, agression…). Cette réserve mise à part, ce sont bien les interrogatoires qui font tout le sel du jeu.

En ce qui concerne les graphismes, les habitués des productions Rockstar ne seront pas dépaysés. On retrouve dans L.A Noire les mêmes qualités et les mêmes défauts que dans un GTA. D’un côté, la modélisation et l’animation des personnages ainsi que l’ambiance sont très soignées. D’un autre côté, on retrouve quelques bugs de collision, un clipping prononcé, des imprécisions dans les phases d’action et bien sûr ces fameux moments de solitude où Phelps se retrouve coincé contre un mur ou près d’une chaise.
L’ambiance musicale n’est pas non plus en reste. Années 40 obligent, elle se veut plus discrète que dans un GTA mais la sélection n’en reste pas moins éclectique et les compositions originales d’une très grande qualité.

Mais ce qui rend finalement L.A Noire aussi passionnant, c’est cette capacité à croquer un pan de l’histoire américaine. Tout comme un GTA qui démolissait avec violence le mythe de l’ « American Dream » ou un Red Dead Redemption qui ne faisait qu’évoquer la naissance de la violence via la mort du Far West, L.A Noire met en scène la cupidité humaine dans toute sa splendeur, mais aussi ce culte factice des héros de guerre encore très vivant aujourd’hui aux Etats-Unis. Rockstar possède ce talent inouï de proposer des expériences souvent violentes et subversives mais qui sied parfaitement à l’époque illustrée.

Plus cinématographique que jamais, alliant éclairs de génie mais aussi quelques fausses notes, L.A Noire peut être considéré comme un brouillon génial et brillant annonçant une ou plusieurs suites qui risquent d'entrer dans le panthéon du jeu vidéo. 

mercredi 1 juin 2011

MUSIQUE - Les 10 ans de Radio Sing Sing




La plage du Vieux-Bourg et moi, c'est une longue histoire d'amour. Depuis ma tendre enfance, il ne s'est (presque) pas passé un été sans que je ne fasse dorer ma pâle pilule sur le sable jaune de la plage de l'Anse du Croc. Mais ce 28 mai, un énorme chapiteau rouge est venu troubler l'habituelle tranquillité de ce site d'exception. En lieu et place des touristes hollandais qui sont toujours les premiers à se faire mutiler les pieds par les vives (petits poissons à épines logeant sous le sable et infligeant des piqûres au pied du malheureux qui marche dessus), nous retrouvons une foule visiblement unie par un intense lien capillaire. En effet, le mouvement rasta était à l'honneur à l'occasion du concert célébrant les 10 ans de la Radio Sing Sing.

Pour être tout à fait honnête, avant qu'une amie ne me fasse part de cet évènement, je n'avais jamais entendu parler de cette station. Normal, je serais tenté de dire, puisqu'il n'est possible de capter celle-ci que dans les environs de Saint-Malo - et encore!

Bref, pour les ignares, Sing Sing est une radio associative non commerciale -entendez indépendante - dont le but est de proposer une sélection musicale éclectique tout en faisant découvrir des talents méconnus ;  et tout cela - comble du bonheur - sans coupures publicitaires intempestives. Assez proche dans sa philosophie de Radio Nova, Sing Sing aura réussi l'exploit de survivre à la concurrence en fidélisant progressivement un nombre non négligeable d'auditeurs.

Refusant de souffler ses 10 bougies toute seule, l'équipe de bénévoles de Radio Sing Sing s'est donc décidée, assez tardivement selon mes sources, à fêter cet anniversaire comme il se doit. Pour cela, les organisateurs proposent comme tête d'affiche la formation reggae Groundation pour un "tribut" à Bob Marley.

J'évoque le côté visiblement tardif de l'organisation de ce concert puisqu'il faut avouer qu'une fois sur place, les quelques 2000 spectateurs ont dû prendre leur mal en patience. Initialement prévue pour 19h30, l'ouverture des "portes" ne se fit que vers 20h30. Après une fouille en bonne et due forme - qui me permis de réaliser que l'Iphone était devenu la norme en matière de portable reléguant mon pauvre Nokia 5140i au rang de Talkie-Walkie qui, dans une poche arrière, peut être considéré comme une menace potentielle, style cran d'arrêt - nous pénétrons le site. Histoire de satisfaire mon estomac, je me dirige immédiatement vers la file qui s'est formée devant le stand des galettes saucisse.

21h30. Après une très longue heure d'attente, je mets enfin la main sur le précieux sésame. Entre temps, un artiste (un stagiaire? Un gars qui passait par là?) accompagné de sa guitare tenta de chauffer la foule en proposant des compositions personnelles, mélange de Christophe Maé et de Sinsemelia. Autant dire que la répétition ad nauseam de refrains style "donnez moi de l'eau, la terre est sale" laissa l'audience de marbre.

La galette avalée, je me tourne très logiquement vers la buvette. Ils ne prennent pas les espèces. Je dois d'abord me procurer des jetons "Sing-Sing" au stand prévu à cet effet. Un jeton "Sing-Sing" coûte la bagatelle de 2€50. Sur celui-ci, il est indiqué "2 Sing-Sing". De retour à la buvette, je constate qu'une bière de 20 cl me sera remise en échange de 2 jetons "Sing-Sing"... 5€ la bière?! Comme tout homo sapiens normalement constitué et assoiffé comme jamais, je me révolte. La Barmaid me rassure en m'expliquant, qu’auparavant, un jeton valait 2 "Sing-Sing", mais que ce n'est plus le cas. Elle m'assure que c'est plus simple comme ça. J'aurais aimé la croire, mais, encore aujourd'hui, je me demande combien coûtait la bière.

L'estomac et le foi enfin rassasiés, ce sont Nina Attal et ses musiciens qui entrent en scène. Cette jeune chanteuse (19 ans) nous propose alors un très sympathique mélange de soul et de funk magnifié par une voix puissante et une énergie assez impressionnante. Il est regrettable que des coupures de courant récurrentes concernant les éclairages soient venues troubler le show. Le fait est que le bénévole responsable des lumières était également en fonction à la buvette. Ceci expliquant éventuellement cela...

Quoiqu'il en soit, le groupe français nous aura offert un spectacle de grande tenue prompt à nous faire oublier les quelques flottements dans l'organisation.

23h30. Les rastas se dressent, les pétards s'allument, les couleurs jamaïcaines illuminent la scène, le visage de Bob Marley apparaît sur un écran, la foule s'amasse... Pas de doute, c'est bien le collectif Groundation qui fait son entrée. Composé de 9 membres (guitare, basse, percussions, chanteurs, choeurs, cuivres...), le groupe occupe toute la scène. Et comme pour Nina Attal, le spectacle est d'une grande qualité, d'autant plus que le groupe a eu la bonne idée d'embarquer leur ingénieur lumière!

En revanche, dans le public, les regards se font de plus en plus vitreux, les mouvements de moins en moins précis. Vers 1h du matin, on retrouve plus de bière par terre que dans les verres, idem pour les substances illicites. Néanmoins, l'ambiance reste bon enfant et va même s'enflammer aux premières notes des plus grands standards du jamaïcain.


Plus de 2 heures de concert et 3 rappels plus tard, le groupe tire sa révérence et laisse les spectateurs transits de bonheur face à cet hommage réussi à l'intemporel Bob Marley. Intemporel, en effet, car il est difficile, à la vue de l'actualité récente, de ne pas vibrer à l'écoute de ces paroles: Get up, stand up, stand up for your rights.


1h30. Le public, heureux, titube vers la sortie sous la clarté intermittente du Cap Fréhel. A posteriori, on réalise que les petits couacs d'organisations ( probable manque de bénévoles, techniques défaillantes...) n'auront absolument pas gâché l'ambiance "festival" de ce concert. Mieux encore, ils n'auront fait qu'accroître le côté sympathique et "à l'arrache" de l'entreprise, qualités qui sied parfaitement à la philosophie de Radio Sing Sing.

Bref, en quatre mots: vivement les 15 ans!

Une petite idée de l'ambiance avec la vidéo ci-dessous.