Un blog pour qui la critique positive et l'objectivité ne sont que de vagues concepts sans intérêt

Mon credo se résume à ceci: un minimum d’objectivité pour un maximum de mauvaise foi.
Cinéma, musique, politique, actualité... Mes enquêtes me mènent toujours à la même conclusion: pas grand chose dans notre société ne mérite d'être aimé...
Vous êtes bien sur le blog de "Julien n'aime rien" ; qui me déteste me suive!





jeudi 28 avril 2011

Côte d'Ivoire: le récit de ma captivité

Les évènements relatés ici font directement suite à "Pourquoi est-il impossible d'arrêter Laurent Gbagbo?" et introduisent mon prochain article. 


Lundi 11 avril 2011

Panique générale dans le passage souterrain reliant la Côte d'Ivoire et l'Afghanistan. A quelques dizaines de mètres au-dessus de nos têtes, l'armée de Ouattara parvient, après plusieurs jours de siège acharné, à pénétrer dans la résidence de Laurent Gbagbo. Les moniteurs de surveillance nous informent que les soldats ont également découvert l'entrée secrète du bunker. Laurent Gbagbo décide de commun accord avec Oussama Ben Laden de se rendre. Il est absolument hors de question que le nouveau président ivoirien mette la main sur ce tunnel. Alors qu'au dessus, les cris ainsi que quelques coups de feu se font entendre de plus en plus clairement, les deux serial-killer se serrent amicalement la main avant de se tourner vers moi qui, pour le coup, ne demandais pas autant d'attention. Laurent me prend violemment par le bras et m'éjecte dans un bureau lugubre qui - je ne le sais pas encore - deviendra ma prison. Avant que la porte ne se referme, j'ai tout juste le temps d'apercevoir Oussama Ben Laden prendre ses jambes à sa barbe et disparaître dans les profondeurs du tunnel. Une fois la porte en métal close, Laurent m'ordonne de rester calme. "Il y a dans ce bureau suffisamment de vivre pour tenir deux ans, essaie-t-il de me rassurer en vain. De toute façon, l'un de mes fidèles viendra vous délivrer dans quelques heures, je vous le promets". Aah, une promesse de dictateur, ça n'a pas de prix!

En quelques minutes, le silence reprend ses droits. Au lieu de céder à la panique et aux regrets vis-à-vis de mon contrat avorté, je décide de faire le tour du propriétaire. Je distingue dans une pénombre, à peine troublée par une ampoule 12 volt fixée dans un coin de la pièce, un ordinateur reposant sur un bureau que l'on peut légitimement qualifié de tout pourri. En m'approchant de ce dernier, je constate que ce que je prenais pour un PC très moche était en fait un Minitel. A ma droite, je découvre avec horreur des toilettes à la turque. A ma gauche, disposés sur plusieurs étages d'une énorme étagère, on retrouve de la nourriture, des boissons et d'autres objets aussi variés qu'inutiles. Laurent ne mentait pas (pour une fois!), il y a assez pour tenir une ère entière. Je saisis un sachet. C'est du pain d'épice Prosper! Je déteste le pain d'épice! Et il n'y a que ça! Quant aux boissons, ce ne sont que des canettes de Seven Up! En plus de m'avoir enfermé dans un bureau miteux, cet imbécile de dictateur me force à revivre mes pires souvenirs gastronomiques des années 90!
Je garde mon calme, m'assois sur la chaise assortie au bureau et réfléchis à mon futur article en attendant les secours qui ne sauraient tarder.

Jeudi 14 avril 2011
"A l'aiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiide! Lauuuuuuurent! Oussaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaama!" Mon ventre grogne... "Non, Nooon, je n'utiliserais pas les chiottes à la turque! Jamais!"

Samedi 16 avril 2011
Je tire la chasse en ressentant un mélange de soulagement et de dégoût. Bon. Julien, tu es quelqu'un d'intelligent, non? Trouve quelque chose!... Mais oui, mais OUI! Le Minitel! Je m'ouvre une canette de Seven Up, me jette sur la chaise moisie et allume la bête. La lumière de l'écran me brûle les yeux. Qu'est ce que je fais maintenant? Je fouille ma mémoire, section: "années 90", dossier: "découvertes technologiques foireuses".
Un seul souvenir - honteux -  remonte à la surface: 36 15 ULLA. Eh bien oui! Les samedis soir aux alentours de 23h, les parents sortis, les frangins collectionnant les râteaux au bal du village et moi, 11 ans, devant M6, découvrant les joies solitaires devant les publicités de 36 15 ULLA. Voici donc mon seul et unique souvenir du Minitel. Bon. Je tape 36 15 POLICE, 36 15 AMBASSADE, 36 15 DANGERDEMORT... Peine perdue. J’éteins le Minitel.

 Mercredi 4 mai 2011
Prooooooooosper, youpla boum, je suis le rooooooi des épiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiices!! Muahah, muahahahah, muahahahahahahahahahah!

Mercredi 11 mai 2011
David Pujadas - ... Et bien sûr nous avons une pensée toute particulière pour Julien n'aime rien, reporter de l'extrême et philanthrope affirmé, séquestré depuis 30 jours quelque part dans le monde. Face à ce drame, Nicolas Sarkozy réaffirme sa position, à savoir, je cite: "Qu'il crève ce petit con, la France s'en portera pas plus mal". 


Mardi 26 mai 2011
Je fouille les étagères. Entre un tas de Prosper et quelques Seven Up, j'aperçois un ballon de volley-ball. Je le déballe, prend un feutre dans un tiroir du bureau et y dessine un visage. Je demande au ballon si je peux l’appeler Wilson. Il me répond: "Ça tombe bien, c'est mon prénom!" Ouf! Grâce à mon nouvel ami, je suis maintenant sûr de ne pas sombrer dans la folie. "Un Seven Up, Wilson?". 


Mardi 14 juin 2011
Deuxième mois d'enfermement. C'est inadmissible! Que fait mon pays, bordel? Tant que personne ne viendra me sauver, je me couperai un doigt tous les deux jours, parole de Julien n'aime rien!


Samedi 18 juin 2011
Oui, bon... C'est très con comme idée... Au lieu de l'amputation, nous décidons, moi et mes huit doigts restants, d'écrire un roman sur ma captivité. Je connais déjà le titre: "le silence".


Vendredi 26 août 2011
FIN. Je suis particulièrement fier de ce traité philosophique sur ma condition de prisonnier. Un peu longuet, il est vrai (2352 pages), mais quand la quantité s’additionne à la qualité, rien n'est trop long. Je décide de faire une première lecture à mon ami Wilson.

"Le silence". CHAPITRE I: Chuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuu...

Dimanche 28 août 2011
...uuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuut. FIN.
- Alors, qu'en penses-tu?, je demande à Wilson.  
- En deux mots: TA-GISTRAL!
- Magistral, tu veux dire...
- Oui, c'est ce que j'ai dit. 


Dimanche 1er janvier 2012
- Bonne année mon Wilson!
- Ouais, ouais...
- Tiens, un petit cadeau surprise! Mon nouveau roman! Je l'ai nommé "Le pet". Tiens, je te fais une lecture: Prooooooooooooooooooooooooooooouuuuuuuuuuuuuuuuuuuu....
- Oh non, pitié, PITIÉ!
- Tu es grognon Wilson. 
- Non, tu me saoules, c'est tout! Je ne veux pas que tu me lises ta nouvelles croûte sans intérêt! 
- Mais tu avais adoré "Le silence"!
- Mais bien sûr que j'ai adoré, je ne suis qu'une invention de ton imagination, un reflet de ton inconscient égocentrique! Alors évidemment que j'aime tout ce que tu fais!  
- Tu vas calmer ta joie, mon coco!
- Tu me gonfles!
- Oooh! Très drôle, "tu me gonfles", pour un ballon, braaavo! 
- C'est TON humour, imbécile!
Pris par une colère indescriptible, j'agrippe le feutre sur le bureau et le plante de toute mes forces dans le ventre en cuir de Wilson. Il se dégonfle aussitôt dans un "pschitt" tragique.
Réalisant mon geste, je tente un re-gonflage de la dernière chance. Mais il est trop tard, les blessures sont trop importantes.
- WIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIILSOOOOOON!


Vendredi 26 octobre 2012
Je me prends les pieds dans ma barbe et chute sur le cadavre en décomposition de Wilson.

Samedi 28 octobre 2012 
Alors que ma neuvième tentative de suicide par overdose de pain d'épice semble enfin fonctionner, je vois la porte de ma prison s'ouvrir.
- On a un truc poilu qui ressemble à un humain, ici! Amenez la civière! 


Jeudi 8 novembre 2012
A peine remis sur pied, je suis déjà invité à l'Elysée.
- Bonjour Monsieur Rolland, ravie de vous revoir!
- Bonjour Madame la Présidente.
- Voyons, Monsieur Rolland, on se connait, appelez-moi Marine, je vous en prie.
- Ok... Marine, je tenais sincèrement à vous remercier pour ma libération. 
- Ecoutez, je trouvais scandaleux que mon prédécesseur n'ait pas envoyé d'équipes à votre recherche. Priver le monde de votre talent m'était insupportable! 
- Sur cela, je vous rejoins.  Qu'est devenu l'ancien président d'ailleurs? 
- Un "terrible" accident de voiture, un "malencontreux" coup du sort, un drame totalement "inattendu", Monsieur Rolland, me répond-elle avec un sourire. 


Vendredi 9 novembre 2012
Enfin de retour dans ma Bretagne! J'entre dans mon garage et retrouve ma fidèle 1007. Elle m'ouvre sa porte, m'invitant visiblement à une petite escapade. Je roule toute la journée et constate qu'en un an et demi, rien ou presque n'a changé. Une chose peut-être: en 5 heures de conduite, je n'ai croisé qu'une seule et unique voiture. Fatigué par ma promenade, j'oublie vite cette surprenante absence de trafic et décide de rentrer chez moi.
- Chérie! Je suis rentré! Qu'est ce qu'on mange? 
- Où étais-tu?
- J'ai roulé toute la journée. Il va falloir que je fasse de l'essence demain. 
Je tends mes lèvres pulpeuses pour un baiser et reçois à la place une énorme claque.
- Tu es complètement malade! 5 mois, 5 MOIS, que je tiens avec ce plein et toi, tu fais quoi? Tu me vides le réservoir en UNE journée! Casse-toi, je ne veux plus te voir!
Réfléchissant rapidement à la façon la plus virile de réagir, je décide de fuir. Madame est visiblement dans sa semaine ensanglantée. Je retourne auprès de ma 1007 et me résous à aller faire le plein. Arrivé à la station du coin, j'aperçois un automobiliste qui se sert du gasoil en versant des larmes de crocodile.
Je lève les yeux vers le panneau indiquant les tarifs de l'essence. Le choc est tel que je rentre violemment dans le pare-choc arrière de la Clio du pleurnichard. Je sors de ma 1007 sans quitter du regard le prix du Super 95, me dirige vers l'automobiliste, le prends dans mes bras et me mets à mon tour à pleurer bruyamment...

À Suivre...


lundi 11 avril 2011

DIPLOMATIE - Pourquoi est-il impossible d'arrêter Laurent Gbagbo?

- Vous pensez vraiment que le gilet par balles est indispensable? 
- Monsieur Rolland, nous ne pouvons nous permettre de déclencher un incident diplomatique majeur. 
- Et si jamais ils visent la tête? 
- Nous travaillons sur la question depuis 50 ans et nous n'avons toujours pas trouvé de réponse satisfaisante... 
- C'est rassurant, mon Général! 
- Bon, je récapitule. Au top, vous avancerez à petits pas en direction de la villa de l'ancien président. J'irais pas jusqu'à en parier mes galons, mais normalement, personne ne devrait vous tirer dessus. Après tout, la demande d'un entretien exclusif avec Julien n'aime rien, le reporter sans frontière ni limite, émane directement du bunker. 
- Si ça se trouve, c'est un piège pour assassiner le français le plus influent de l'histoire? 
- Ahah, très drôle Monsieur Rolland! C'est bien de garder son humour à l'aube d'un décès plus que probable. Plus sérieusement, si jamais vous perdez la vie aujourd'hui, nous jurons, sur l'honneur de la Patrie, de vous venger. 
- Me voilà rassuré! 
- Très bien, alors... Vous êtes prêt? 
- Je suis prêt depuis ma naissance, mon Général...


(Deux jours plus tôt)

Je ne m'en remets pas. J'ai failli à ma tâche. Cette interview de Marine le Pen... C'était de la bombe! Et j'ai préféré fuir comme un lâche face à cette vague haineuse émanant de la leader du FN et de son facho de père.
Jamais plus je ne pourrai me regarder dans une glace. Mieux vaut arrêter les frais... Julien n'aime rien ferme ses portes.
Alors que je termine cette poignante scène dramatique, mon Nokia fait vibrer ma jambe et mon testicule droit. Je sèche mes larmes et réponds la morve au nez.

- Julien n'aime rien y compris lui-même, j'écoute... 
- Bonjour Monsieur Rolland. Ici le ministre des Affaires Etrangères, Bernard Kouchner...
- Attendez une seconde... Ce n'est plus vous le ministre des Affaires Etrangères! 
- Excellent Monsieur Rolland! Quelle culture! Je vous passe Monsieur Juppé. (...) Monsieur Rolland, ici le ministre des Affaires Etrangères, Alain Juppé. 
Cette conversation me déprime sévèrement.
- Ecoutez Monsieur Rolland... Ce que j'ai à vous annoncer est très délicat...
- Vous êtes mon père? 
- Non... Vous connaissez la Côte d'Ivoire? 
- Je sais que c'est quelque part entre le Pôle Nord et le Pôle Sud, oui...
- Vous savez ce qu'il s'y passe depuis plusieurs semaines maintenant? 
- Nous sommes en avril... Je dirais une bonne grosse chaleur...
- Vous connaissez Laurent Gbagbo? 
- Sauf votre respect, Monsieur Juppé, faites comme si je ne savais rien du tout, voulez-vous? ... Pas pour moi, n'est-ce-pas "hum", mais "euh" pour mes lecteurs les plus incultes... "Quelle mauvaise foi mon Julien. C'est comme ça que je t'aime", pensai-je en embrassant mon reflet dans le miroir.
- Laurent Gbagbo, de son nom complet Laurent Koudou Gbagbo (né le 31 mai 1945 à Mama, près de Gagnoa en Côte d'Ivoire) est un homme d'état, historien et écrivain ivoirien. Il est président de la...
- Attendez, je rêve ou vous êtes en train de me lire sa page Wikipedia? 
- Oui... Mais c'est que je ne le connais pas très bien ce Monsieur. 
- Repassez moi Bernard! 
- Tapie? 
- Kouchner!, criai-je excédé. Décidément, il les choisit bien ses ministres, le grincheux de l'Elysée!
- Kouchner, j'écoute. 
- Bon, racontez moi tout. 
- Laurent Gbagbo a organisé des élections fin de l'année passée dans laquelle il fut battu par Alassane Ouattara. Malgré son échec, il refuse de se retirer de la présidence. Depuis, une sanglante guerre civile    touche tout le pays. Les pro-Gbagbo et les pro-Ouattara se livrent à une lutte sans merci. La situation humanitaire est catastrophique, Monsieur Rolland. Tellement catastrophique que la France a décidé de s'en mêler, histoire d'en finir une fois pour toute. Nous pensions le tenir, mais Gbagbo ainsi que quelques dizaines de fidèles se sont enfermés dans un bunker à l'intérieur de la résidence présidentielle. Depuis, nous sommes au point mort. Dès que des soldats tentent de s'approcher de la forteresse de fortune, les fidèles de Gbagdo répliquent à l'arme lourde. 
- J'y vois plus clair, Monsieur le ministre... Mais pourquoi m'appeler? 
- Vous êtes notre dernier espoir! Laurent Gbagbo est sorti de son silence. Il a joint l'ambassade française demandant une interview exclusive. Mais pas une interview réalisée par n'importe qui... Il vous veut vous! 
- C'est tout à son honneur. 
- Une fois l'interview terminée il promets de se rendre sans conditions. Acceptez-vous cette mission-suicide, Monsieur Rolland? 
Je cherchais désespérément une occasion de racheter la débâcle de mon précédent article. La voilà! Servie sur un plateau d'argent. Impossible de refuser.
- J'accepte Monsieur l'ex-ministre!


(2 jours plus tard)

Dans quelle histoire me suis-je encore embarqué? Me voilà dans un no man's land, avançant la peur au ventre vers la résidence de Laurent Gbagbo. Un flash aveuglant me brûle les yeux. Je sais exactement ce que c'est: c'est le soleil qui se reflète dans la lunette d'un sniper logé sur le toit de la villa. Combien de fois ai-je déjà vécu cela en jouant à la PS3? Je cherche mon camouflage optique puis me souviens que ce n'est pas un jeu. Fichtre! J'arrive à la grille de la résidence. J'aperçois des milliers d'impacts de balle sur les murs. La grille s'ouvre lentement. J'entre.
- C'est ici qu'on a commandé une pizza? criai-je. Et là, personne ne rigole. AU-CUN sens de l'humour ses ivoiriens.
Trois soldats sur-armés foncent vers moi, me plaquent contre la grille et me ligotent les mains en me cassant un ongle... Ça fait super mal!

Je suis emmené à l'intérieur de la résidence. Dans le genre demeure de dictateur sanguinaire, la déco est plutôt cosy. L'un des malabars plonge sa main dans un aquarium rempli de piranha et appuie sur un coquillage rouge. On entend un clic métallique et une porte dérobée, cachée derrière un immense miroir, s'ouvre. En descendant les escaliers, je suis soudain tout excité à l'idée de découvrir la Batcave. Hélas, je ne trouve qu'un vulgaire bunker de 40m². Monsieur Gbagbo est assis dans un fauteuil aux couleurs de la Côte d'Ivoire et me fixe droit dans les yeux. Il ordonne à ses soldats de me détacher.

- Bonjou' Monsieur 'olland
- Bonjour Monsieur le dictateur déchu mais têtu. 
Il éclate de rire. Apparemment, j'ai une propension à faire marrer toutes les pourritures de ce monde.
- Asseyez-vous, je vous p'ie. Je suis t'es heu'eux de vous avoi' dans ma demeu'e. 
- Merci Monsieur, je suis flatté. 
- Faites moi seulement le plaisi' de sup'imer mon accent af'icain de vot'e a'ticle, on se c'oi'ait dans Tintin au Congo, sale 'aciste de me'de!!
Je m’exécute et pose illico une question qui me turlupine.
- Pourquoi proposer votre reddition contre une simple interview? 
Il éclate à nouveau de rire. Julien, humoriste malgré lui...
- Je n'ai absolument pas l'intention de me rendre, Monsieur Rolland! Mais il fallait bien trouver une excuse valable pour vous attirer à mes côtés. 
J'avale de travers.
- Allez-vous me tuer? 
- Ça dépend...
- De...
- ... Mon humeur après l'interview... 
Je décide de raturer la question suivante question de ma fiche: "Une étude tend à prouver que les dictateurs les plus cruels cachent une impuissance sexuelle doublée d'un amour inceste pour leur maman. Qu'est ce que cela évoque pour vous, Mr Gbagbo?". Pas la peine de contrarier l'humeur du bonhomme. Je débute mon interview.
- Monsieur Gbagbo, pourquoi ne pas avoir quitté le pouvoir une fois la victoire de votre rival annoncée? 
Il se met directement en pétard ce qui n'est pas une bonne nouvelle pour mon avenir proche.
- Ouattara! Ce chacal a triché!
- Comment ça?
- Mes collaborateurs m'ont confirmé que, tout au long de l'élection, lui et une centaine de partisans se sont déguisés pour pouvoir voter plusieurs fois. A 9h, ils portaient tous une barbe postiche, à 9h30, un bouc et une perruque, à 10h, des lunettes et une casquette... Ce manège a duré toute la journée pour finalement se terminer, à la fermeture des bureaux de vote, par un rasage total! C'est une honte, Monsieur Rolland, UNE HONTE! 
Je note ses propos. Je les proposerai à mon retour (si retour il y a, Inchallah!) au Guiness Book pour son édition 2012, catégorie "excuse la plus foireuse".
- Je vois, Monsieur Gbagbo... Je comprends mieux votre désarroi. Vous rendez-vous seulement compte des conséquences de cette crise? Vos citoyens s’entre tuent dehors! 
- C'est la faute à Sarkozy! Ce petit néo-colonialiste en veut à mon pétrole! 
- Mais... Vous n'avez pas de pétrole, Monsieur Gbagbo...
- Détrompez-vous... 
- Et, où se trouve ce pétrole? 
Il sourit et remue son index dans ma direction.
- Bien joué, Monsieur Rolland, bien joué! Si je vous le révèle, vous le répéterez à votre Président! Aaaaah! Je vous ai démasqué! Il pointe maintenant son index sur sa tête. Y'en a là-dedans, hein? 
- Bon, passons...Vous savez très bien qu'un jour ou l'autre, l'armée de Ouattara réussira à envahir votre demeure? Vous ne pourrez pas vous cacher indéfiniment. 

Il sourit, se lève et se dirige vers une mini-bibliothèque déposée dans un coin du bunker. Il tire le livre "l'art de la guerre" et CLIC! La bibliothèque se met à bouger, découvrant une nouvelle porte. Cette fois-ci, c'est sûr, je vais voir la Batcave! Mais encore une fois, c'est la déception qui est au rendez-vous.
- Jamais ils ne m'auront. Dès les premiers jours de mon magnifique règne, j'ai ordonné la construction d'un tunnel souterrain. Venez voir. 
Je me lève et me dirige d'un pas hésitant vers l'ouverture créée par la bibliothèque. Je découvre une échelle menant à un trou dont je ne distingue pas la fond.
- Où mène ce tunnel? 
Il me sourit à nouveau et siffle en direction du trou. Quelques secondes plus tard, l'échelle se met à remuer. Quelqu'un monte! Je m'attends au pire. Je tente de me cacher derrière un soldat de Gbagbo mais celui-ci me pousse brutalement en avant. Je distingue une ombre, puis un homme, puis un visage...
- Bijour, Monsieur Rolland. J'y suis très heureux d'y faire votre connaissance!
Je me retrouve face à face avec l'ennemi public numéro 1, Oussama Ben Laden.
- Que? Je veux dire... QUOI? Je me tourne vers Laurent Gbagbo Ne me dites pas que ce tunnel mène à l'Afghanistan! 
- Précisément, me répondent en coeur mes deux interlocuteurs.
- Oussama et moi, c'est une vieille histoire d'amitié. Alors quand j'ai su que ces salopards d'américains voulaient lui mettre la main dessus juste pour avoir organisé une blagounette aérienne, je lui ai offert l'hospitalité. 
Soudain, c'est le choc. Je réalise l'inévitable.
- Vous ne pouvez pas me laisser partir avec de telles informations. Je veux dire, soyons réalistes, même moi je me tuerai dans cette situation. 
Oussama et Laurent se regardent un instant puis reviennent sur moi. Gbagbo reprend la parole.
- Si vous êtes ici aujourd'hui, c'est que nous avons une proposition à vous faire. Nous manquons de visibilité. Les gens se méprennent sur nos activités, systématiquement diabolisées par les Occidentaux. Nous avons besoin de quelqu'un comme vous. Alors, voici ma demande: voudriez-vous devenir le reporter officiel du régime Ivoirien et d'Al-Quaïda? 
Jamais je n'aurais cru entendre un jour cette question.
- Ai-je le choix? 
- Bien sûr!, me répond un Oussama joyeux C'est ça ou une atroce torture suivie d'une sympathique et définitive mort. 


Je réfléchie un quart de seconde.
- Bon bah, j'accepte. En même temps, ça m'arrange, je suis sans emploi. 
- Et la paye est bonne!, rétorque Laurent
- Et les congés sont payés!, ajoute Oussama.
J'ai déjà bossé pour Quick alors je peux bien me laisser tenter par un poste dont les employeurs sont des tueurs en série, non?

Oussama, Laurent et moi-même nous serrons vigoureusement la main pour officialiser l'accord. Hilares, nous descendons l'échelle, direction le tunnel où un buffet halal et 72 vierges nous attendent.

C'était Julien Rolland pour Julien n'aime rien, à 50 mètres en dessous du niveau de la mer, quelque part entre la Côte d'Ivoire et l'Afghanistan.



samedi 9 avril 2011

TÉLÉVISION - La télé-réalité, le début de la fin?... Merci mon Dieu!

Carré Viip, la nouvelle émission "évènement" de TF1 a été déprogrammée la semaine passée pour cause d'audience insuffisante. C'est une première dans l'histoire de la télé-réalité, dite "d'enfermement", en France. Lassitude des français? Concepts stupides? Casting foireux? Les raisons peuvent être nombreuses. Je propose donc mon analyse de la chose. Et pour cela, retournons quelques années en arrière.

Quand on y songe, le moral des citoyens du monde (et ici, en l’occurrence, des français) a commencé à se détériorer en septembre 2001. Deux avions, deux tours qui s'écroulent et un sourire qui disparaît de tous les visages pour une durée indéterminée. Depuis 10 ans, on a peur des étrangers, de la crise, de la guerre, on fait d'interminables études, on obtient un Bac+chômage, on trime toute l'année pour un salaire minable, on dit adieu, les larmes aux yeux, à un billet de 50 euros à chaque plein d'essence, on s'offre des vacances à Dunkerque une fois par an... Notre quotidien s'est progressivement transformée en enfer supportable.

Je reçois mon salaire à trois chiffres du mois de mars et au lieu de me mettre à terre et pleurer comme un gamin, je préfère me remémorer un temps aujourd'hui révolu. Un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître. Un temps d’insouciance, de joie et de voyeurisme.

Nous sommes en avril 2001, le 21 pour être plus précis. Cinq mois avant le 11 septembre, M6 entre dans l'histoire de la télévision française en programmant pour la première fois une télé-réalité. Ce show à l'américaine qui paraît aujourd'hui bien désuet face à la surenchère actuelle, fut baptisé Loft Story. Deux mots qui doivent faire resurgir nombre de souvenirs émus aux jeunes de ma génération. Honnêtement, qui n'a jamais évoqué dans la cours de récréation les ébats passionnés du DJ macho Jean-Edouard et de la plantureuse Loana dans la piscine du Loft? Qui n'a jamais tenté de calculer la somme du QI des participants de l'émission? Certaines associations, comme Famille de France, crièrent au scandale face à cette "télé-poubelle" nouvelle génération ; le CSA y mit également son grain de sel, notamment dans le cadre du respect de la dignité humaine. Et puis, il y avait tous les autres, dont je fais partie, scotchés tous les soirs aux alentours de 18h devant leurs écrans de TV, prêts à se délecter des aventures de leurs nouveaux amis cathodiques.

Quelle révolution, mine de rien. Face à ce spectacle, le téléspectateur lambda se découvre une âme de voyeur qu'il ne se connaissait pas, ou du moins qu'il essayait de se cacher jusque là. D'abord méfiant vis-à-vis de la sympathique stupidité de ces rats de laboratoire, le public s'est petit à petit et inexorablement attaché à certain d'entre eux.
Mais avec le recul, on se rend compte que ce qui nous touchait avant tout chez ces treize célibataires, c'était leur naïveté désarmante. S'ils ont accepté de se faire filmer 24h/24 pendant près de 4 mois, c'était probablement avec la noble intention de vivre une aventure inédite, une sorte d'expérience sociologique dont la France entière serait le témoin. Chaque semaine, lorsque Benjamin Castaldi, peu aidé par sa diction défaillante, prononçait le nom du candidat éliminé et que celui-ci se retrouvait encerclé par une foule irréelle de fans hystériques, on pouvait distinguer dans son regard une stupéfaction non feinte.
Comment ces treize personnes plus ou moins comme vous et moi pouvaient-ils se douter une seule seconde qu'une émission prônant une certaine forme de non-spectacle absolu allait rencontrer un tel succès et changer leur vie pour le meilleur mais surtout pour le pire?

Car oui, le retour à la réalité fut particulièrement rude. La plupart des candidats retombèrent, une fois le buzz passé, dans l'anonymat le plus total. Quant à deux, trois autres, ils réussirent à percer plus ou moins provisoirement. Steevy, le blondinet efféminé, entra dans les petits papiers (et probablement dans le caleçon) de Laurent Ruquier et connut un succès relatif à la télévision. Et puis, il y eut Loana. La blonde siliconée se retrouva livrée à elle-même, délaissée des médias. Certains producteurs sans scrupules essayèrent bien de lui faire enregistrer de pitoyables singles, mais le succès resta aux abonnés absents. Progressivement, elle quitta les pages "people" pour atterrir dans celles des faits divers. Elle tenta de mettre fin à ses jours plusieurs fois. Le problème, c'est qu'en tant que précurseur de la télé-réalité, Loana n'avait aucun point de comparaison. Star Academy, Secret Story et d'autres télé-réalité d'enfermement n'existaient pas encore. Les effets pervers post-Loft Story étaient, par conséquent, inconnus. Personne ne pouvait savoir ce qu'elle ressentait. Déjà visiblement fragile psychologiquement avant son entrée dans le Loft, Loana n'est aujourd'hui qu'une épave.

Mais bon, je m'éloigne du sujet. Après tout, elle n'avait qu'à réfléchir à deux fois avant de se jeter corps et âme dans cette émission. Merde, quoi! Je ne vais pas non plus m'apitoyer sur son sort, on a tous nos problèmes!
Bref, les lignes précédentes m'ont surtout servi à mettre en évidence un point essentiel: si Loft Story, premier du nom, était aussi addictif, c'est justement parce que c'était la première émission du genre. Les candidats ne connaissaient pas encore les règles du jeu. Ils n'avaient d'autre choix que d'être eux-mêmes, avec leurs qualités et surtout leurs défauts.
Puis vinrent les copies carbones: un second Loft Story desservi par un casting foireux, un Star Academy avec des jeunes chantant des chansons de vieux, un Nice People cherchant à prouver que la connerie n'est pas qu'une spécialité française... Mais, un peu comme pour Fort Boyard où les candidats connaissent parfaitement  toutes les épreuves pour les avoir vues à la télévision, la télé-réalité n'avait plus aucun secret pour les inconscients tentant l'expérience.
Progressivement, la spontanéité des premiers temps se transforma en coups d'oeil à la caméra pour ne pas piquer une colère mémorable ou lancer une réplique culte hors cadre. Le candidat le sait, il doit plaire au public. Si celui-ci se révèle trop effacé, trop calme, les votants seront sans pitié avec lui et il pourra dire adieu aux 100 000 euros de la victoire et à la gloire éphémère qui suivra.

Cette nouvelle règle du jeu va entraîner la prolifération d'un nuisible bien particulier: l’insupportable tête à claque. Pour résumer, l'insupportable tête à claque est un individu doté d'une intelligence effroyablement basse et qui a pourtant la fâcheuse habitude de penser le contraire. Celui-ci croit sincèrement connaître l'envers de la télévision ainsi que les envies de l'audience. Selon l'insupportable tête à claque, le public aime les gros cons débitant fautes grammaticales, insultes et grossièretés à vitesse grand V. Cette catégorie qui n'a cessé de s'agrandir ces dernières années a trouvé son maître lors de la seconde édition de la Ferme Célébrités. Il se nomme Michael Vendetta. Ce jeune imbécile possède la particularité unique d'être un "has-been" sans être passé par la case "been". En intégrant Michaël Vendetta dans une émission de ce genre, la télé-réalité a signé son arrêt de mort. Pourquoi? Tout simplement parce que ce personnage détestable, méprisant et cynique a remporté l'émission. Et en empochant le jackpot, Michaël Vendetta a ouvert la porte à une vague d'abrutis finis qui ne trouveront rien de mieux que d'appliquer la recette "Vendetta" jusqu'à la nausée. François-Xavier (Secret Story 2), le fashion boy aussi fashion qu'Yvette Horner, Benoit et Thomas (Secret Story 3), deux folles pour un demi-cerveau... Voici quelques exemples de cette vague d'odieux personnages qui ne méritent même pas un regard.
Avec de telles têtes à claque, l'identification du public (pourtant l'ingrédient majeur de la réussite de la télé-réalité) devient difficile, voire impossible. Le spectateur de ce genre d'émissions recherche un miroir rassurant de notre société et non un spectacle mettant en scène de mauvais acteurs nombrilistes et teigneux.

Alors, ALORS, qu'est-il bien passé par la tête des dirigeants de TF1 pour monter une émission rassemblant les plus insupportables têtes à claque que la télé-réalité française ait connus ces 10 dernières années? On ne le saura probablement jamais mais le résultat est sans appel: l'émission est annulée après seulement 2 semaines d'antenne. Le public français n'est pas totalement lobotomisé et c'est rassurant.

A moins d'un miracle, la télé-réalité"d'enfermement" a définitivement déserté le PAF. Notre société reste toujours un enfer, aucun doute là-dessus. Mais un enfer sans télé-réalité devient un enfer tolérable... C'est toujours ça de pris!

samedi 2 avril 2011

POLITIQUE - Le FN fréquentable?

"Ecoutez Monsieur Rolland, votre CV est intéressant, aucun doute là dessus. Je ne remets absolument pas en question vos compétences ni vos motivations. Mais sachez que, rien que pour cette annonce de journaliste objectivement objectif, j'ai reçu la bagatelle de 8523 candidatures. Et malheureusement pour vous, si ma hiérarchie me forçait à noter votre profil sur 10 - ce qu'elle fait, vous obtiendriez un 4,8. AAAah, quel dommage, 0,2 point en dessous de la moyenne, c'est balot! Non, Monsieur Rolland, inutile de vous mettre à genou... Non, inutile aussi de baisser ma braguette... SÉCURITÉ!!"

Quatre mois de recherche, un seul entretien et me voilà éjecter de la rédaction d'une feuille de chou par deux colosses en costard. Décidément, c'est pas encore aujourd'hui que je vais vivre mon "French Dream". Je me relève et remarque que le veston de mon costume est déchiré. Une très bonne journée semble me tendre ses bras et il n'est que 9h30! Yaouh!

Tandis que je me dirige les pieds traînants vers ma fidèle 1007, une femme blonde, la quarantaine, tailleur noir et hauts talons m'interpelle.

- Monsieur Rolland?, me demande-t-elle avec une voix grave.

Oh bon sang! C'est Marine Le Pen et je n'ai pas mes papiers sur moi. En plus, je reviens de vacances et quand je suis bronzé, on aime me dire que j'ai l'air marocain!! Oh mon Dieu, non! Je me mets une nouvelle fois à genou, mais cette fois-ci pour prier Allah de demander à Dieu de me venir en aide.


- Vous êtes Julien Rolland de "Julien n'aime rien", c'est bien ça? 


Je cesse ma prière et me relève en faisant semblant de ramasser mes clés.

- C'est bien moi.
- J'aime beaucoup ce que vous faites, me complimente-t-elle avec un grand sourire.
- Et j'aime beaucoup... Votre... Euh... Chapeau, répliquai-je aussi peu inspiré qu'un Michael Vendetta en pleine inspiration... Oui, Madame Le Pen ne porte pas de chapeau aujourd'hui...
- Ah! Cette enquête sur les hémorroïdes de Mélenchon, j'en suis encore morte de rire. 


Je ne suis pas très fier d'avoir fait marrer le Front National, mais bon, un compliment reste un compliment, d'où qu'il vienne. Elle reprend son sérieux.

- Vous sortez d'un entretien? 
- C'est exact.
- Verdict?
- J'ai obtenu un 4,8/10. 
- Ah! Les salopards! Et vous savez qui va décrocher ce poste? Hein? Vous le savez?
- Ben non, tiens!, répondis-je en pensée.
- Eh ben, ce sera Abdul ou Ahmed ou Oussama. Et tout ça pour quoi? Discrimination positive! Mais oui, mon bon Monsieur. 


Du coup, le morale me reviens. Je résume. Si je n'ai pas décroché ce poste, c'est la faute à la discrimination positive, et non la mienne.
Au même moment, je me rends compte que j'ai oublié mon jambon-fromage dans la salle d'attente de la rédaction.

- Mince! J'ai oublié mon sandwich, dis-je tout haut.
- Eh ben voilà! VOILA! CQFD! En plus de nous voler nos emplois, Abdul, Oussama et Ahmed nous chourent également notre pain et vin quotidiens! 
- Non, non, on ne m'a pas volé mon sandwich, je l'ai oublié!
- Ne vous abaissez pas au politiquement correct, Monsieur Rolland. Je vous dis que c'est Abdul le responsable de votre estomac vide. Point. 
- Le salaud, grommelai-je entre mes dents.
- Suivez-moi, je vais vous obtenir le scoop de votre vie. 
- Oui, enfin, ça devait déjà être le cas avec mon enquête sur Delarue et la seule chose que j'ai obtenu c'est une addiction tenace à la cocaïne... Alors, je me méfie de ces propositions à priori alléchantes. 
- Ne vous inquiétez pas et montez dans ma voiture. Mon chauffeur blanc nous attend. 


Je prends place dans une impressionnante Mercedes noire de collection. Une 770K de 1942, m'informe Marine. Son papou chéri aura bataillé ferme lors des enchères "Les occasions du Führer" organisés 20 ans plus tôt par le FN pour finalement remporter la mise et offrir ce petit bijou à sa fifille le jour de ses 18 printemps.

- Mon papa, dans le genre gros porc raciste et révisionniste, est un super papa.


Surpris par ses propos, je lui offre la moue la plus sophistiquée de mon large panel de moues.

- Ne faites pas cette tête digne de l'Actor Studio, Monsieur Rolland. Qu'est ce que vous croyez? Que je ne me rends pas compte du monstre qu'est mon père? Allons, même un Skinhead boucherait ses oreilles s'il entendait les propos de papa pendant les dîners de famille. 


La voiture se met en marche.

- Oui, enfin, il n'y a aussi ses discours publiques qui choquent l'opinion, répliquai-je.
- Oh, vous n'allez pas encore me ressortir cette histoire de chambres à gaz qu'il considère comme un point de détail de la première Guerre mondiale. 
- Seconde... Seconde Guerre mondiale, Madame Le Pen. 

Au moment où je corrige les carences de culture générale de la présidente du Front National, je me livre à une réflexion inquiétante. Je le dis à chaque article et, là encore, je me sens obligé de le répéter: dans quelle histoire me suis-je encore embarqué? C'est vrai quoi! Ce n'est pas parce que mes pairs me reconnaissent un talent de reporter unique dans l'histoire du journalisme d'investigation que je dois me taper sans cesse les sujets les plus impossibles! Mon article sur Roswell me vaut dorénavant une sonde de surveillance extraterrestre scotché sur le scrotum et celui sur Jean-Luc Delarue, une dépendance aux Space Cakes. Pour couronner le tout, mes fesses se retrouvent aujourd'hui dans la voiture d'Hitler à tailler une bavette avec une pauvre inculte qui risque de prendre sous peu la place du plus petit et plus nerveux président de la Cinquième République. Trop, c'est trop!... Enfin bon, maintenant, j'y suis. Et rien que pour vous, fidèles lecteurs, je vais aller jusqu'au bout.
Une fois cette pensée évaporée dans l'atmosphère sordide de l'auto, je me reconcentre sur ma nouvelle amie qui semble, elle aussi, plongée dans une réflexion qui fait ressortir une veine peu esthétique du sommet de son front.

- Ça alors!  La chasse aux juifs, c'était pendant la seconde Guerre mondiale? 
- Vous avez tout compris!
- Mais qu'est ce qui s'est passé pendant la première? On chassait quels primates de nos terres? 
- ... Pourrait-on, s'il vous plaît, recentrer la conversation? Nous évoquions les propos polémiques de votre père. 


La veine de Marine retourne (grâce à Dieu!) à sa place.

- Oui, bon, je disais que ces propos n'ont rien de polémiques! 
- Pardon? Les chambres à gaz, un détail de la guerre? Pas polémique? 
- Ecoutez Monsieur Rolland, avez-vous déjà lu la définition du terme "détail" dans le dictionnaire? 
- Ça tombe sacrément bien Madame Le Pen! Je ne me déplace jamais sans le Petit Robert que j'ai remporté chez Julien Lepers! 


Je sors mon dictionnaire chéri de ma sacoche et cherche le mot "détail"...

- Je cite: "Détail: élément secondaire, peu important".

Je lui tends le dictionnaire.

- Quoi, ce mot existe. Elle jette un oeil. Sa veine repointe le bout de son nez. Comment ça marche ce bouquin?... AAaaaah! Ça s'écrit comme ça "détail"! Oook! Je croyais que c'était D-E-T-A-Y-E. C'est pour ça que je n'ai jamais vraiment saisi la cause de cette polémique. Elle me regarde avec un grand sourire. On en apprend tous les jours, n'est-ce-pas Monsieur Rolland? 


Au lieu de répondre, je préfère récupérer mon dictionnaire et y chercher le mot "couillon".
Le reste du voyage se fait dans le silence.

3 heures de route plus tard, nous arrivons enfin à destination. J’aperçois au loin la Tour Eiffel. Ma Bretagne me manque. Nous montons au deuxième étage d'un magnifique immeuble situé au 7eme arrondissement de la capitale. Marine Le Pen ouvre la porte d'un luxueux appartement dont l'immense baie vitrée du salon donne sur le parc du Champs de Mars.

- Asseyez-vous Monsieur Rolland. 


Au moment de m’asseoir, une voix horriblement familière résonne dans tout l'appartement.

- C'EST TOI, MARINE? 
- Oui papa... répondit-elle en restant dans le salon. Devine sur qui je suis tombée à Saint-Brieuc? 
- MUSSOLINI? 


Marine le Pen me regarde, gênée par la bêtise de son père. Il ne faut pas, pensai-je. Tel père, telle fille, après tout. C'est beau la génétique.

- Non, papa... Mussolini est mort. 
- Une grande perte! Ça oui, une grande perte pour l'Espagne!, dit-il tristement.

Bon, je récapitule: sous le sapin de noël des Le Pen cette année, on retrouvera un livre d'histoire pour les (très) nuls. Foi de Julien qui n'aime rien! Marine reprend la parole.

- Non, je suis tombé sur Julien Rolland!
- L'autre con qui n'aime rien et qui veut être journaliste?, demande-t-il avec une innocence vraiment vexante.  
- Lui-même, répondis-je vexé, donc.
- Ne l'écoutez pas, me rassure Marine. Quand il est dans son bain, il raconte que des bêtises. 
- Il doit en passer du temps dans son bain!, rétorquai-je très fier de cette repartie qui, en général, me vient une fois la conversation terminée depuis 24 heures.


Marine me fixe bêtement, ne comprenant probablement ni mon insinuation ni la signification du mot "insinuation". Elle s'assied dans un énorme fauteuil rouge sang en face de moi. Elle souhaite que je l'interviewe. J'allume le dictaphone que m'a offert le CIA et je débute sans conviction.

- Madame Le Pen, pensez-vous sincèrement remporter les élections de 2012?
- Ah ça oui! 
Silence. Je reprends.
- Non, mais je veux dire, sérieusement! 
- J'étais sérieuse! 
- Ah! Bon, OK... Une fois élue, quelles seront les premières mesures prises par votre gouvernement? 
- Notre programme est très ambitieux. D'après plusieurs rapports émanant du parti, le rétablissement du Franc entraînera une suppression pure et simple du chômage. 
- C'est génial, comme n'y avons-nous pas pensé plus tôt? C'est décidé, aujourd'hui, je reste dans le second degré pour éviter de sauter par la fenêtre en hurlant à la mort.
- Quand le chômage aura disparu - d'après nos calculs, en deux, voire trois jours après ma prise de pouvoir - nous mettrons marocains, algériens, chinois, bulgares - j'en passe et des pires - dans des bateaux direction pas la France. Juste pour la déconnade, nous mettrons les marocains dans les bateaux à destination de Bulgarie, les chinois dans ceux à destination d'Algérie, etc... Elle éclate de rire. Je pense que cette boutade plaira beaucoup aux français de souche.


Je ravale le vomi qui s'est logé dans ma bouche et je poursuis.

- A ce que je vois, votre ligne directrice n'est pas si éloignée de celle de votre père. 
- Mais rien à voir! Cria-t-elle, choquée par la comparaison. Mon père voulait aussi virer les juifs! J'aime bien les juifs, moi. Un physique disgracieux, certes, mais des hommes d'affaire redoutables! 
- MARIIINE!, hurla Jean-Marie dans son bain.

Marine décroche son regard vide du mien pour les tourner direction la salle de bain.

- Quoi, mon papa? 
- Y a un primate qui est passé devant la porte de la salle de bain! 
- Voyons papou, c'est Hector, notre escla... Elle me zieute une seconde. Notre majordome noir. 
- Ah! 


Madame Le Pen revient à moi, s'excusant de l'interruption par un petit hochement de tête. Je me force à continuer.

- Que pensez-vous des gens qui parlent du FN nouvelle génération comme d'un parti plus fréquentable qu'à l'époque de votre père? 
- Ceux qui disent ça ne sont que des ignorants et des jaloux. Le FN n'a jamais dépassé les bornes... Nous avons toujours...


Marine est à nouveau coupée par son père.

- C'est qui qui veut torturer l'algérien? - Moi, moi! - Caporal Le Pen? - Oh merci, général... Boum! Bim! Paf! 


Marine me sourit.

- Il aime bien jouer à la guerre d'Algérie dans son bain. Il est fou-fou mon papa. Le regard à nouveau vers la salle de bain. Tu t'amuses bien papa? 
- Oh oui! Il en prend pour son grade ce bronzé! 


Ils éclatent de rire, l'une dans son fauteuil, l'autre dans sa bassine géante. Une minute plus tard, les larmes aux yeux, Marine se retourne vers moi mais ne retrouve qu'un fauteuil vide.

Désolé chers lecteurs. D'habitude, Julien n’abandonne jamais et ce quelque soit le challenge. Mais vous me connaissez, Julien n'aime rien et surtout pas les fascistes.

Je me retrouve donc au pas de l'immeuble des Le Pen. Je remarque en face une librairie et une petite supérette.
10 minutes plus tard, je dépose dans la boîte aux lettres du numéro 4, un livre d'histoire pour les nuls - Julien  n'a qu'une seule parole - ainsi qu'une bouteille de mort au rat - comme dirait Marine Le Pen, juste "pour la déconnade"!