Un blog pour qui la critique positive et l'objectivité ne sont que de vagues concepts sans intérêt

Mon credo se résume à ceci: un minimum d’objectivité pour un maximum de mauvaise foi.
Cinéma, musique, politique, actualité... Mes enquêtes me mènent toujours à la même conclusion: pas grand chose dans notre société ne mérite d'être aimé...
Vous êtes bien sur le blog de "Julien n'aime rien" ; qui me déteste me suive!





lundi 11 avril 2011

DIPLOMATIE - Pourquoi est-il impossible d'arrêter Laurent Gbagbo?

- Vous pensez vraiment que le gilet par balles est indispensable? 
- Monsieur Rolland, nous ne pouvons nous permettre de déclencher un incident diplomatique majeur. 
- Et si jamais ils visent la tête? 
- Nous travaillons sur la question depuis 50 ans et nous n'avons toujours pas trouvé de réponse satisfaisante... 
- C'est rassurant, mon Général! 
- Bon, je récapitule. Au top, vous avancerez à petits pas en direction de la villa de l'ancien président. J'irais pas jusqu'à en parier mes galons, mais normalement, personne ne devrait vous tirer dessus. Après tout, la demande d'un entretien exclusif avec Julien n'aime rien, le reporter sans frontière ni limite, émane directement du bunker. 
- Si ça se trouve, c'est un piège pour assassiner le français le plus influent de l'histoire? 
- Ahah, très drôle Monsieur Rolland! C'est bien de garder son humour à l'aube d'un décès plus que probable. Plus sérieusement, si jamais vous perdez la vie aujourd'hui, nous jurons, sur l'honneur de la Patrie, de vous venger. 
- Me voilà rassuré! 
- Très bien, alors... Vous êtes prêt? 
- Je suis prêt depuis ma naissance, mon Général...


(Deux jours plus tôt)

Je ne m'en remets pas. J'ai failli à ma tâche. Cette interview de Marine le Pen... C'était de la bombe! Et j'ai préféré fuir comme un lâche face à cette vague haineuse émanant de la leader du FN et de son facho de père.
Jamais plus je ne pourrai me regarder dans une glace. Mieux vaut arrêter les frais... Julien n'aime rien ferme ses portes.
Alors que je termine cette poignante scène dramatique, mon Nokia fait vibrer ma jambe et mon testicule droit. Je sèche mes larmes et réponds la morve au nez.

- Julien n'aime rien y compris lui-même, j'écoute... 
- Bonjour Monsieur Rolland. Ici le ministre des Affaires Etrangères, Bernard Kouchner...
- Attendez une seconde... Ce n'est plus vous le ministre des Affaires Etrangères! 
- Excellent Monsieur Rolland! Quelle culture! Je vous passe Monsieur Juppé. (...) Monsieur Rolland, ici le ministre des Affaires Etrangères, Alain Juppé. 
Cette conversation me déprime sévèrement.
- Ecoutez Monsieur Rolland... Ce que j'ai à vous annoncer est très délicat...
- Vous êtes mon père? 
- Non... Vous connaissez la Côte d'Ivoire? 
- Je sais que c'est quelque part entre le Pôle Nord et le Pôle Sud, oui...
- Vous savez ce qu'il s'y passe depuis plusieurs semaines maintenant? 
- Nous sommes en avril... Je dirais une bonne grosse chaleur...
- Vous connaissez Laurent Gbagbo? 
- Sauf votre respect, Monsieur Juppé, faites comme si je ne savais rien du tout, voulez-vous? ... Pas pour moi, n'est-ce-pas "hum", mais "euh" pour mes lecteurs les plus incultes... "Quelle mauvaise foi mon Julien. C'est comme ça que je t'aime", pensai-je en embrassant mon reflet dans le miroir.
- Laurent Gbagbo, de son nom complet Laurent Koudou Gbagbo (né le 31 mai 1945 à Mama, près de Gagnoa en Côte d'Ivoire) est un homme d'état, historien et écrivain ivoirien. Il est président de la...
- Attendez, je rêve ou vous êtes en train de me lire sa page Wikipedia? 
- Oui... Mais c'est que je ne le connais pas très bien ce Monsieur. 
- Repassez moi Bernard! 
- Tapie? 
- Kouchner!, criai-je excédé. Décidément, il les choisit bien ses ministres, le grincheux de l'Elysée!
- Kouchner, j'écoute. 
- Bon, racontez moi tout. 
- Laurent Gbagbo a organisé des élections fin de l'année passée dans laquelle il fut battu par Alassane Ouattara. Malgré son échec, il refuse de se retirer de la présidence. Depuis, une sanglante guerre civile    touche tout le pays. Les pro-Gbagbo et les pro-Ouattara se livrent à une lutte sans merci. La situation humanitaire est catastrophique, Monsieur Rolland. Tellement catastrophique que la France a décidé de s'en mêler, histoire d'en finir une fois pour toute. Nous pensions le tenir, mais Gbagbo ainsi que quelques dizaines de fidèles se sont enfermés dans un bunker à l'intérieur de la résidence présidentielle. Depuis, nous sommes au point mort. Dès que des soldats tentent de s'approcher de la forteresse de fortune, les fidèles de Gbagdo répliquent à l'arme lourde. 
- J'y vois plus clair, Monsieur le ministre... Mais pourquoi m'appeler? 
- Vous êtes notre dernier espoir! Laurent Gbagbo est sorti de son silence. Il a joint l'ambassade française demandant une interview exclusive. Mais pas une interview réalisée par n'importe qui... Il vous veut vous! 
- C'est tout à son honneur. 
- Une fois l'interview terminée il promets de se rendre sans conditions. Acceptez-vous cette mission-suicide, Monsieur Rolland? 
Je cherchais désespérément une occasion de racheter la débâcle de mon précédent article. La voilà! Servie sur un plateau d'argent. Impossible de refuser.
- J'accepte Monsieur l'ex-ministre!


(2 jours plus tard)

Dans quelle histoire me suis-je encore embarqué? Me voilà dans un no man's land, avançant la peur au ventre vers la résidence de Laurent Gbagbo. Un flash aveuglant me brûle les yeux. Je sais exactement ce que c'est: c'est le soleil qui se reflète dans la lunette d'un sniper logé sur le toit de la villa. Combien de fois ai-je déjà vécu cela en jouant à la PS3? Je cherche mon camouflage optique puis me souviens que ce n'est pas un jeu. Fichtre! J'arrive à la grille de la résidence. J'aperçois des milliers d'impacts de balle sur les murs. La grille s'ouvre lentement. J'entre.
- C'est ici qu'on a commandé une pizza? criai-je. Et là, personne ne rigole. AU-CUN sens de l'humour ses ivoiriens.
Trois soldats sur-armés foncent vers moi, me plaquent contre la grille et me ligotent les mains en me cassant un ongle... Ça fait super mal!

Je suis emmené à l'intérieur de la résidence. Dans le genre demeure de dictateur sanguinaire, la déco est plutôt cosy. L'un des malabars plonge sa main dans un aquarium rempli de piranha et appuie sur un coquillage rouge. On entend un clic métallique et une porte dérobée, cachée derrière un immense miroir, s'ouvre. En descendant les escaliers, je suis soudain tout excité à l'idée de découvrir la Batcave. Hélas, je ne trouve qu'un vulgaire bunker de 40m². Monsieur Gbagbo est assis dans un fauteuil aux couleurs de la Côte d'Ivoire et me fixe droit dans les yeux. Il ordonne à ses soldats de me détacher.

- Bonjou' Monsieur 'olland
- Bonjour Monsieur le dictateur déchu mais têtu. 
Il éclate de rire. Apparemment, j'ai une propension à faire marrer toutes les pourritures de ce monde.
- Asseyez-vous, je vous p'ie. Je suis t'es heu'eux de vous avoi' dans ma demeu'e. 
- Merci Monsieur, je suis flatté. 
- Faites moi seulement le plaisi' de sup'imer mon accent af'icain de vot'e a'ticle, on se c'oi'ait dans Tintin au Congo, sale 'aciste de me'de!!
Je m’exécute et pose illico une question qui me turlupine.
- Pourquoi proposer votre reddition contre une simple interview? 
Il éclate à nouveau de rire. Julien, humoriste malgré lui...
- Je n'ai absolument pas l'intention de me rendre, Monsieur Rolland! Mais il fallait bien trouver une excuse valable pour vous attirer à mes côtés. 
J'avale de travers.
- Allez-vous me tuer? 
- Ça dépend...
- De...
- ... Mon humeur après l'interview... 
Je décide de raturer la question suivante question de ma fiche: "Une étude tend à prouver que les dictateurs les plus cruels cachent une impuissance sexuelle doublée d'un amour inceste pour leur maman. Qu'est ce que cela évoque pour vous, Mr Gbagbo?". Pas la peine de contrarier l'humeur du bonhomme. Je débute mon interview.
- Monsieur Gbagbo, pourquoi ne pas avoir quitté le pouvoir une fois la victoire de votre rival annoncée? 
Il se met directement en pétard ce qui n'est pas une bonne nouvelle pour mon avenir proche.
- Ouattara! Ce chacal a triché!
- Comment ça?
- Mes collaborateurs m'ont confirmé que, tout au long de l'élection, lui et une centaine de partisans se sont déguisés pour pouvoir voter plusieurs fois. A 9h, ils portaient tous une barbe postiche, à 9h30, un bouc et une perruque, à 10h, des lunettes et une casquette... Ce manège a duré toute la journée pour finalement se terminer, à la fermeture des bureaux de vote, par un rasage total! C'est une honte, Monsieur Rolland, UNE HONTE! 
Je note ses propos. Je les proposerai à mon retour (si retour il y a, Inchallah!) au Guiness Book pour son édition 2012, catégorie "excuse la plus foireuse".
- Je vois, Monsieur Gbagbo... Je comprends mieux votre désarroi. Vous rendez-vous seulement compte des conséquences de cette crise? Vos citoyens s’entre tuent dehors! 
- C'est la faute à Sarkozy! Ce petit néo-colonialiste en veut à mon pétrole! 
- Mais... Vous n'avez pas de pétrole, Monsieur Gbagbo...
- Détrompez-vous... 
- Et, où se trouve ce pétrole? 
Il sourit et remue son index dans ma direction.
- Bien joué, Monsieur Rolland, bien joué! Si je vous le révèle, vous le répéterez à votre Président! Aaaaah! Je vous ai démasqué! Il pointe maintenant son index sur sa tête. Y'en a là-dedans, hein? 
- Bon, passons...Vous savez très bien qu'un jour ou l'autre, l'armée de Ouattara réussira à envahir votre demeure? Vous ne pourrez pas vous cacher indéfiniment. 

Il sourit, se lève et se dirige vers une mini-bibliothèque déposée dans un coin du bunker. Il tire le livre "l'art de la guerre" et CLIC! La bibliothèque se met à bouger, découvrant une nouvelle porte. Cette fois-ci, c'est sûr, je vais voir la Batcave! Mais encore une fois, c'est la déception qui est au rendez-vous.
- Jamais ils ne m'auront. Dès les premiers jours de mon magnifique règne, j'ai ordonné la construction d'un tunnel souterrain. Venez voir. 
Je me lève et me dirige d'un pas hésitant vers l'ouverture créée par la bibliothèque. Je découvre une échelle menant à un trou dont je ne distingue pas la fond.
- Où mène ce tunnel? 
Il me sourit à nouveau et siffle en direction du trou. Quelques secondes plus tard, l'échelle se met à remuer. Quelqu'un monte! Je m'attends au pire. Je tente de me cacher derrière un soldat de Gbagbo mais celui-ci me pousse brutalement en avant. Je distingue une ombre, puis un homme, puis un visage...
- Bijour, Monsieur Rolland. J'y suis très heureux d'y faire votre connaissance!
Je me retrouve face à face avec l'ennemi public numéro 1, Oussama Ben Laden.
- Que? Je veux dire... QUOI? Je me tourne vers Laurent Gbagbo Ne me dites pas que ce tunnel mène à l'Afghanistan! 
- Précisément, me répondent en coeur mes deux interlocuteurs.
- Oussama et moi, c'est une vieille histoire d'amitié. Alors quand j'ai su que ces salopards d'américains voulaient lui mettre la main dessus juste pour avoir organisé une blagounette aérienne, je lui ai offert l'hospitalité. 
Soudain, c'est le choc. Je réalise l'inévitable.
- Vous ne pouvez pas me laisser partir avec de telles informations. Je veux dire, soyons réalistes, même moi je me tuerai dans cette situation. 
Oussama et Laurent se regardent un instant puis reviennent sur moi. Gbagbo reprend la parole.
- Si vous êtes ici aujourd'hui, c'est que nous avons une proposition à vous faire. Nous manquons de visibilité. Les gens se méprennent sur nos activités, systématiquement diabolisées par les Occidentaux. Nous avons besoin de quelqu'un comme vous. Alors, voici ma demande: voudriez-vous devenir le reporter officiel du régime Ivoirien et d'Al-Quaïda? 
Jamais je n'aurais cru entendre un jour cette question.
- Ai-je le choix? 
- Bien sûr!, me répond un Oussama joyeux C'est ça ou une atroce torture suivie d'une sympathique et définitive mort. 


Je réfléchie un quart de seconde.
- Bon bah, j'accepte. En même temps, ça m'arrange, je suis sans emploi. 
- Et la paye est bonne!, rétorque Laurent
- Et les congés sont payés!, ajoute Oussama.
J'ai déjà bossé pour Quick alors je peux bien me laisser tenter par un poste dont les employeurs sont des tueurs en série, non?

Oussama, Laurent et moi-même nous serrons vigoureusement la main pour officialiser l'accord. Hilares, nous descendons l'échelle, direction le tunnel où un buffet halal et 72 vierges nous attendent.

C'était Julien Rolland pour Julien n'aime rien, à 50 mètres en dessous du niveau de la mer, quelque part entre la Côte d'Ivoire et l'Afghanistan.



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