Un blog pour qui la critique positive et l'objectivité ne sont que de vagues concepts sans intérêt

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samedi 9 avril 2011

TÉLÉVISION - La télé-réalité, le début de la fin?... Merci mon Dieu!

Carré Viip, la nouvelle émission "évènement" de TF1 a été déprogrammée la semaine passée pour cause d'audience insuffisante. C'est une première dans l'histoire de la télé-réalité, dite "d'enfermement", en France. Lassitude des français? Concepts stupides? Casting foireux? Les raisons peuvent être nombreuses. Je propose donc mon analyse de la chose. Et pour cela, retournons quelques années en arrière.

Quand on y songe, le moral des citoyens du monde (et ici, en l’occurrence, des français) a commencé à se détériorer en septembre 2001. Deux avions, deux tours qui s'écroulent et un sourire qui disparaît de tous les visages pour une durée indéterminée. Depuis 10 ans, on a peur des étrangers, de la crise, de la guerre, on fait d'interminables études, on obtient un Bac+chômage, on trime toute l'année pour un salaire minable, on dit adieu, les larmes aux yeux, à un billet de 50 euros à chaque plein d'essence, on s'offre des vacances à Dunkerque une fois par an... Notre quotidien s'est progressivement transformée en enfer supportable.

Je reçois mon salaire à trois chiffres du mois de mars et au lieu de me mettre à terre et pleurer comme un gamin, je préfère me remémorer un temps aujourd'hui révolu. Un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître. Un temps d’insouciance, de joie et de voyeurisme.

Nous sommes en avril 2001, le 21 pour être plus précis. Cinq mois avant le 11 septembre, M6 entre dans l'histoire de la télévision française en programmant pour la première fois une télé-réalité. Ce show à l'américaine qui paraît aujourd'hui bien désuet face à la surenchère actuelle, fut baptisé Loft Story. Deux mots qui doivent faire resurgir nombre de souvenirs émus aux jeunes de ma génération. Honnêtement, qui n'a jamais évoqué dans la cours de récréation les ébats passionnés du DJ macho Jean-Edouard et de la plantureuse Loana dans la piscine du Loft? Qui n'a jamais tenté de calculer la somme du QI des participants de l'émission? Certaines associations, comme Famille de France, crièrent au scandale face à cette "télé-poubelle" nouvelle génération ; le CSA y mit également son grain de sel, notamment dans le cadre du respect de la dignité humaine. Et puis, il y avait tous les autres, dont je fais partie, scotchés tous les soirs aux alentours de 18h devant leurs écrans de TV, prêts à se délecter des aventures de leurs nouveaux amis cathodiques.

Quelle révolution, mine de rien. Face à ce spectacle, le téléspectateur lambda se découvre une âme de voyeur qu'il ne se connaissait pas, ou du moins qu'il essayait de se cacher jusque là. D'abord méfiant vis-à-vis de la sympathique stupidité de ces rats de laboratoire, le public s'est petit à petit et inexorablement attaché à certain d'entre eux.
Mais avec le recul, on se rend compte que ce qui nous touchait avant tout chez ces treize célibataires, c'était leur naïveté désarmante. S'ils ont accepté de se faire filmer 24h/24 pendant près de 4 mois, c'était probablement avec la noble intention de vivre une aventure inédite, une sorte d'expérience sociologique dont la France entière serait le témoin. Chaque semaine, lorsque Benjamin Castaldi, peu aidé par sa diction défaillante, prononçait le nom du candidat éliminé et que celui-ci se retrouvait encerclé par une foule irréelle de fans hystériques, on pouvait distinguer dans son regard une stupéfaction non feinte.
Comment ces treize personnes plus ou moins comme vous et moi pouvaient-ils se douter une seule seconde qu'une émission prônant une certaine forme de non-spectacle absolu allait rencontrer un tel succès et changer leur vie pour le meilleur mais surtout pour le pire?

Car oui, le retour à la réalité fut particulièrement rude. La plupart des candidats retombèrent, une fois le buzz passé, dans l'anonymat le plus total. Quant à deux, trois autres, ils réussirent à percer plus ou moins provisoirement. Steevy, le blondinet efféminé, entra dans les petits papiers (et probablement dans le caleçon) de Laurent Ruquier et connut un succès relatif à la télévision. Et puis, il y eut Loana. La blonde siliconée se retrouva livrée à elle-même, délaissée des médias. Certains producteurs sans scrupules essayèrent bien de lui faire enregistrer de pitoyables singles, mais le succès resta aux abonnés absents. Progressivement, elle quitta les pages "people" pour atterrir dans celles des faits divers. Elle tenta de mettre fin à ses jours plusieurs fois. Le problème, c'est qu'en tant que précurseur de la télé-réalité, Loana n'avait aucun point de comparaison. Star Academy, Secret Story et d'autres télé-réalité d'enfermement n'existaient pas encore. Les effets pervers post-Loft Story étaient, par conséquent, inconnus. Personne ne pouvait savoir ce qu'elle ressentait. Déjà visiblement fragile psychologiquement avant son entrée dans le Loft, Loana n'est aujourd'hui qu'une épave.

Mais bon, je m'éloigne du sujet. Après tout, elle n'avait qu'à réfléchir à deux fois avant de se jeter corps et âme dans cette émission. Merde, quoi! Je ne vais pas non plus m'apitoyer sur son sort, on a tous nos problèmes!
Bref, les lignes précédentes m'ont surtout servi à mettre en évidence un point essentiel: si Loft Story, premier du nom, était aussi addictif, c'est justement parce que c'était la première émission du genre. Les candidats ne connaissaient pas encore les règles du jeu. Ils n'avaient d'autre choix que d'être eux-mêmes, avec leurs qualités et surtout leurs défauts.
Puis vinrent les copies carbones: un second Loft Story desservi par un casting foireux, un Star Academy avec des jeunes chantant des chansons de vieux, un Nice People cherchant à prouver que la connerie n'est pas qu'une spécialité française... Mais, un peu comme pour Fort Boyard où les candidats connaissent parfaitement  toutes les épreuves pour les avoir vues à la télévision, la télé-réalité n'avait plus aucun secret pour les inconscients tentant l'expérience.
Progressivement, la spontanéité des premiers temps se transforma en coups d'oeil à la caméra pour ne pas piquer une colère mémorable ou lancer une réplique culte hors cadre. Le candidat le sait, il doit plaire au public. Si celui-ci se révèle trop effacé, trop calme, les votants seront sans pitié avec lui et il pourra dire adieu aux 100 000 euros de la victoire et à la gloire éphémère qui suivra.

Cette nouvelle règle du jeu va entraîner la prolifération d'un nuisible bien particulier: l’insupportable tête à claque. Pour résumer, l'insupportable tête à claque est un individu doté d'une intelligence effroyablement basse et qui a pourtant la fâcheuse habitude de penser le contraire. Celui-ci croit sincèrement connaître l'envers de la télévision ainsi que les envies de l'audience. Selon l'insupportable tête à claque, le public aime les gros cons débitant fautes grammaticales, insultes et grossièretés à vitesse grand V. Cette catégorie qui n'a cessé de s'agrandir ces dernières années a trouvé son maître lors de la seconde édition de la Ferme Célébrités. Il se nomme Michael Vendetta. Ce jeune imbécile possède la particularité unique d'être un "has-been" sans être passé par la case "been". En intégrant Michaël Vendetta dans une émission de ce genre, la télé-réalité a signé son arrêt de mort. Pourquoi? Tout simplement parce que ce personnage détestable, méprisant et cynique a remporté l'émission. Et en empochant le jackpot, Michaël Vendetta a ouvert la porte à une vague d'abrutis finis qui ne trouveront rien de mieux que d'appliquer la recette "Vendetta" jusqu'à la nausée. François-Xavier (Secret Story 2), le fashion boy aussi fashion qu'Yvette Horner, Benoit et Thomas (Secret Story 3), deux folles pour un demi-cerveau... Voici quelques exemples de cette vague d'odieux personnages qui ne méritent même pas un regard.
Avec de telles têtes à claque, l'identification du public (pourtant l'ingrédient majeur de la réussite de la télé-réalité) devient difficile, voire impossible. Le spectateur de ce genre d'émissions recherche un miroir rassurant de notre société et non un spectacle mettant en scène de mauvais acteurs nombrilistes et teigneux.

Alors, ALORS, qu'est-il bien passé par la tête des dirigeants de TF1 pour monter une émission rassemblant les plus insupportables têtes à claque que la télé-réalité française ait connus ces 10 dernières années? On ne le saura probablement jamais mais le résultat est sans appel: l'émission est annulée après seulement 2 semaines d'antenne. Le public français n'est pas totalement lobotomisé et c'est rassurant.

A moins d'un miracle, la télé-réalité"d'enfermement" a définitivement déserté le PAF. Notre société reste toujours un enfer, aucun doute là-dessus. Mais un enfer sans télé-réalité devient un enfer tolérable... C'est toujours ça de pris!

1 commentaire:

  1. tout a fait d accord, ca devient vraiment des emissions poubelles...par contre je tiens quand meme a dire que Vendetta est vraiment detestable, j ai vraiment envie de le claquer...mais je pense qu il est moins con qu il en a l air

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